ST. JOHN’S, ANTIGUA-ET-BARBUDA — 26 juin 2025. Dans un discours sans détour prononcé lors d’une session de l’Organisation des États américains (OEA), le sous-secrétaire d’État américain Christopher Landau a lancé une charge frontale contre l’inefficacité de l’institution. Évoquant les crises du Venezuela et d’Haïti, il a mis en doute la pertinence actuelle de l’OEA et a prévenu que les États-Unis réévaluaient sérieusement leur participation à l’organisation.
« Si l’OEA n’est pas disposée ou est incapable de jouer un rôle constructif en Haïti ou au Venezuela, alors nous devons sérieusement nous demander pourquoi elle existe », a martelé Landau, représentant des États-Unis.
Haïti, un test continental que l’OEA ignore ?
Pour Washington, la situation en Haïti est emblématique de l’effondrement d’un État laissé pour compte :
« Des gangs armés contrôlent les rues et les ports de la capitale, et l’ordre public s’y est pratiquement totalement effondré », a résumé le diplomate.
Alors que les États-Unis ont mobilisé près d’un milliard de dollars pour appuyer la mission internationale pilotée par le Kenya, l’OEA brille par son absence. Cette inaction suscite des interrogations profondes sur la capacité de l’organisation à répondre à une crise qui déstabilise toute la région.
Le Venezuela, un autre dossier ignoré
Christopher Landau a également évoqué le Venezuela, dénonçant une énième élection « truquée », la « faillite morale » du régime Maduro et la crise humanitaire qui s’en est suivie. Il reproche à l’OEA son silence et son immobilisme :
« Le régime n’a même pas contesté sérieusement la fraude. Et pourtant, à notre connaissance, l’OEA n’a rien fait de concret. »
La nomination récente par Washington de Rosa María Payá à la Commission interaméricaine des droits de l’homme a été présentée comme un signal fort. Fille du dissident cubain Oswaldo Payá, elle incarne pour les États-Unis une voix morale pour réveiller l’institution.
Une mise en garde à peine voilée
Landau a révélé que l’administration Trump avait lancé un audit global des engagements internationaux des États-Unis, dont l’OEA fait partie. Le maintien de Washington dans l’organisation dépendra de sa capacité à prouver son utilité.
« L’amitié est une voie à double sens », a-t-il rappelé, en insistant sur la nécessité pour l’OEA de justifier l’investissement américain.
Un appel à rompre avec les discours creux
À la fin de son allocution, le diplomate américain a lancé un appel clair :
« L’heure n’est plus aux slogans. Il est temps que l’OEA montre des résultats. »
Il a invité l’organisation à prendre des positions fermes contre les régimes autoritaires, à appuyer concrètement les peuples opprimés, et à mettre fin aux discours sans suite.
Pour conclure, le Sous-secrétaire d’Etat américain déclare :
« Chers collègues, l’heure n’est plus aux simples discours et slogans sur la solidarité continentale. Il est temps que l’OEA montre des résultats. Soutenons les peuples du Venezuela et d’Haïti, non seulement par nos paroles, mais aussi par nos actes. Rejetons les régimes autoritaires et antidémocratiques ainsi que ceux qui cherchent à mener des vendettas politiques par le biais du processus judiciaire. Affirmons notre droit souverain à sécuriser nos frontières, à défendre les normes démocratiques, et renforçons cette organisation par des actes, et non par des discours.
En conclusion, les États-Unis occupent une position unique à ce stade pour être un partenaire actif sur le continent. Nous souhaitons que cette organisation fasse partie de la solution, et non du problème, et attendons avec intérêt un engagement constructif au cours des deux prochains jours et au-delà. »
À quelques mois de l’échéance présidentielle haïtienne de 2026 et alors que la MMAS peine à stabiliser le pays, la pression monte pour que l’OEA sorte enfin de sa passivité diplomatique.
La rédaction