Le Conseil de sécurité s’est réuni le mercredi 20 novembre à propos de la situation en Haïti, à la demande de la Chine et de la Fédération de Russie. Ces deux pays ont ainsi tenu à manifester leur opposition au projet de transformation de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en opération de maintien de la paix.
Face à l’urgence de la situation et à l’insuffisance des moyens alloués à la MMAS, M. Miroslav Jenča, Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques aux Départements des affaires politiques et de la consolidation de la paix et des opérations de paix, a appuyé le projet de transformation de la Mission en opération de maintien de la paix de l’ONU. À ce jour, a-t-il précisé, la Mission n’a reçu que 43% de son budget de 674 millions de dollars et n’a intégré que 400 personnes sur les 2 500 prévues. Une inquiétude formulée également par Mme Monica Juma, Conseillère à la sécurité nationale auprès du Président du Kenya, le pays qui a pris la tête de la MMAS. « Il est urgent d’envoyer davantage d’effectifs sur le terrain », a-t-elle reconnu avant d’appeler les donateurs à financer ce déploiement, tout en se disant également favorable à la transformation de la Mission.
S’appuyant sur ces mêmes chiffres, le représentant d’Haïti a estimé que la transformation de la MMAS garantirait une meilleure mobilisation des ressources – en plus d’assurer un mandat plus robuste et une meilleure coordination internationale. S’appuyant eux aussi sur l’argument de financements prévisibles et durables, les États-Unis ont assuré avoir entendu les dirigeants de la MMAS et du pays hôte dans le cadre de l’élaboration du projet. D’autres partisans du projet, comme la France, ont évoqué le soutien opérationnel et l’expertise dont pourraient disposer les forces de terrain à travers un plus grand engagement des Nations Unies.
La Russie a qualifié d’irresponsables les discussions quant à une transformation de la Mission, alors même que l’on n’aurait pas débattu des problèmes auxquels elle se heurte et des manières de les régler. Son représentant y a vu une illustration du peu de cohérence de la démarche des États-Unis. « Il y a quelques années, ils souhaitaient le retrait de l’opération de maintien de la paix, il y a un an, ils avaient promis de garantir le déploiement d’une mission non onusienne, et maintenant ils nous disent qu’il faut y envoyer des Casques bleus », s’est-il atterré.
Le représentant russe, invoquant les conclusions du Secrétaire général, a de même considéré que la situation du terrain, assimilable à une guérilla urbaine, ne convient pas à une mission de maintien de la paix des Nations Unies.
La Chine a appuyé ce dernier argument, précisant que le contexte actuel en Haïti ne remplit pas les conditions de paix nécessaires au déploiement d’une opération de maintien de la paix. Face à des gangs « armés jusqu’aux dents », une telle opération ne ferait que placer les soldats de l’ONU sur la ligne de front, a estimé son représentant. Poursuivant, il a tiré un bilan sévère des nombreuses missions onusiennes déployées en Haïti, relevant leur coût élevé et la mort de nombreux soldats, avec pour seul résultat « le chaos total et le ressentiment du peuple haïtien ».