À l’approche du 7 février, le peuple ne voit rien bouger. C’est le néant. Sur le plan sécuritaire, les gangs continuent de gagner du terrain. Une réalité que les Haïtiens subissent depuis des années mais qui s’est encore aggravée depuis l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse.
Malgré leur engagement, les forces de l’ordre ne parviennent toujours pas à endiguer cette progression redoutable. Les dirigeants haïtiens, eux, paraissent attendre sans initiative concrète l’arrivée de la force multinationale annoncée, dont le déploiement devrait s’achever à la fin de l’été. Mais d’ici là, combien d’Haïtiens seront dépouillés, déplacés, affamés, réduits à tout perdre ?, se demande-t-on.
Une question s’impose : pourquoi, au lieu de tout espérer de l’étranger, la classe politique ne parvient-elle pas à s’unir autour d’un plan minimal de sécurité, condition indispensable à l’organisation d’élections crédibles ?
Une rencontre pour quoi faire ? Au lieu de chercher à sortir le pays de l’embrasement, nos responsables politiques donnent l’impression d’attendre les bras croisés une manne tombée du ciel. Or, ils peinent même à organiser une simple réunion, voire à gérer une crise. La rencontre des chefs de missions diplomatiques prévue pour les 17 et 18 décembre dernier, par exemple, aurait tourné au fiasco. Rien d’étonnant, tant l’improvisation semble avoir dominé : arrivés au Cap-Haïtien — devenu, depuis la fermeture de l’aéroport de Port-au-Prince, le principal couloir vers l’extérieur — les ambassadeurs et chargés d’affaires ont dû repartir après plusieurs nuits passées dans cette ville, sans agenda clair ni cadre opérationnel. Certains ont même confié n’avoir reçu ni per diem ni dispositions logistiques élémentaires.
Force est de se demander quelles consignes l’État peut encore donner à des diplomates en fin de mission, alors que l’on approche de la fin du “mandat” des membres du CPT. Une autre question revient avec insistance : pourquoi les consuls généraux n’ont-ils pas été conviés, alors qu’ils sont directement concernés par plusieurs dossiers clés (protection des ressortissants, documents de voyage, mobilité, sécurité des représentations, coordination avec la diaspora, etc.) ?
Encore une fois, des sommes considérables sont dépensées à fonds perdu : les billets d’avion coûtent cher, tout comme les frais d’hébergement. Et ces dépenses superflues viennent s’ajouter aux nombreux déplacements des hauts dignitaires de l’État, d’autant que le pays se retrouve aujourd’hui avec près d’une dizaine de « présidents de la République ».
Pendant que ces manœuvres et ces incohérences se prolongent, le peuple, pris en étau entre criminalité et misère, paie le prix le plus lourd. À l’approche des fêtes de fin d’année, même les classes moyennes s’enfoncent dans l’impasse. Et la diaspora, déjà fragilisée par un contexte migratoire plus dur, risque de ne pas pouvoir rentrer au pays pour Noël et la Saint-Sylvestre, privant des familles d’un soutien moral et économique essentiel.
À force d’attendre, on transforme l’urgence en habitude et l’exception en normalité. Or, aucune force étrangère, aussi importante soit-elle, ne remplacera une volonté politique nationale, un minimum de coordination, et une stratégie claire de rétablissement de la sécurité. Si les autorités veulent restaurer la confiance et ouvrir la voie à des élections, elles doivent sortir de la posture, assumer des décisions, et rendre des comptes. Sans cela, le pays continuera d’être gouverné par l’improvisation, tandis que la population — elle — continuera de perdre son quotidien, ses biens, parfois sa vie, et jusqu’à l’espoir.
Avec la transition, la diplomatie haïtienne est à son plus bas niveau.
Huguette Grenz
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