Kenscoff, le 3 Novembre 2025 — La localité d’Obléon, dans la commune de Kenscoff, a de nouveau été frappée par la violence. Les 23 et 24 Octobre des bandits lourdement armés, identifiés comme membres d’un groupe opérant dans la localité dénommée « Invité », ont attaqué des paysans qui se rendaient dans leurs champs.
Selon les premiers témoignages recueillis sur place, plusieurs personnes ont été tuées. Parmi les victimes figurent Wilet, Rigaud, Nevèl et Henri Claude, tous des travailleurs agricoles connus dans la région pour leur courage et leur attachement à la terre. Ces paysans tentaient simplement de subvenir aux besoins de leurs familles.
« Mwen denonse masak sa a. Se inosan kap viktim, peyizan kap chache manje pou pitit yo », a confié un habitant d’Obléon, profondément choqué par la scène.
La population locale dénonce une nouvelle fois l’inaction des autorités face à la montée de la violence dans les zones rurales de Kenscoff. Plusieurs groupes armés y imposent leur loi depuis des mois, notamment à Obléon, Furcy, Kafou Badio et Invité, désormais considérées comme des zones hors contrôle de l’État.
Jeudi dernier encore, alors que l’ouragan Mélissa ravageait le Sud du pays, des tirs nourris ont été entendus dans ces localités. Sur le grand terrain de football d’Obléon, des témoins ont signalé la présence de cadavres, certains mutilés ou décapités, abandonnés à même le sol.
Entre le 27 janvier et le 27 mars 2025, les attaques perpétrées dans la commune de Kenscoff et certaines zones de Carrefour ont causé au moins 262 morts et 66 blessés, selon les Nations Unies en Haïti. Parmi ces victimes figurent 115 civils et 147 membres de groupes armés, tandis que huit agents des forces de sécurité ont également été tués ou blessés. Le nombre de déplacés internes dépasse les 1 600 personnes de nombreux habitants ayant fui la commune pour échapper aux violences. À Obléon, des kidnappings massifs ont été signalés : début août 2025, huit personnes, dont une ressortissante étrangère, ont été enlevées dans un foyer d’accueil. Parallèlement, des maisons incendiées et des infrastructures publiques détruites, notamment des postes de police et des écoles, témoignent de la gravité de la crise. L’impact économique est tout aussi préoccupant : la production agricole à Kenscoff, essentielle à l’approvisionnement en légumes de Port-au-Prince, est lourdement perturbée, entraînant une flambée des prix sur les marchés.
Pour l’instant, la population est abandonnée, aucune présence policière, ni des troupes kényanes, ni de l’armée haïtienne n’a été observée dans la zone. Les habitants affirment que le gang “Viv Ansanm” contrôle désormais la quasi-totalité de la commune.
La rédaction

