Port-au-Prince, 11 octobre 2025. Invité d’une émission spéciale de la diaspora animée par Raymond Laurent sur CKUT 7 (Canada), l’ancien Premier ministre Jean Henry Céant a vivement critiqué la visite officielle de Laurent Saint-Cyr au Japon, une tournée de près de dix jours consacrée à la participation d’Haïti à la foire internationale Osaka 2025.
Selon le communiqué de la présidence, Laurent Saint-Cyr a quitté Haïti le 5 octobre, accompagné de son épouse Marie France Boisson, de sa cheffe de cabinet Raïna Forbin, du ministre du Tourisme Henrick Dessources, de sa responsable de communication Winnie Hugot Gabriel, de la secrétaire générale de la présidence, Régine Haddad, de Alix Alexandre, pour sa sécurité et d’autres personnalités de son entourage.
Pour Jean-Henry Céant, ce déplacement intervient à un moment inopportun, à peine une semaine après une participation jugée terne de la délégation haïtienne à la dernière Assemblée générale des Nations unies.
« Je ne comprends pas comment le coordonnateur du Conseil présidentiel de transition peut accorder la priorité à ce genre de mission, alors que le pays s’enlise dans l’insécurité et l’incertitude électorale », a-t-il déclaré.
L’ancien chef de gouvernement estime que Laurent Saint-Cyr, à moins de quatre (4) mois de la fin de son mandat de six (6) mois, n’a jamais rencontré les secteurs clés de la vie nationale, ni les partis politiques, ni les grandes figures du pays. Pour Céant, cette attitude traduit une absence de vision politique et de cohérence dans la gestion de la transition.
Jean Henry Céant a rappelé avoir adressé à Laurent Saint-Cyr, le 16 juin 2025, une lettre ouverte intitulée “Laurent Saint-Cyr, face à son destin”, dans laquelle il alertait déjà sur le vide institutionnel et proposait les bases d’un Accord Politique Sociétal Global de sa structure politique dénommée RENMEN AYITI.
Cet accord, suggéré avant le 30 août 2025, visait à redéfinir la gouvernance transitoire et à jeter les fondations d’un nouvel ordre institutionnel fondé sur le consensus et la reddition de comptes.
Parmi les principales propositions de Céant figuraient :
1.La mise en place d’une nouvelle gouvernance transitoire d’un an, du 7 février 2026 au 7 février 2027.
2.La création d’un Organe de surveillance et de validation, garantissant la transparence et le contrôle des actions de l’Exécutif.
3.L’élaboration d’une stratégie nationale de sécurité issue d’un consensus politique, mobilisant la PNH et les FAD’H.
4.La convocation d’une Assemblée constituante chargée d’élaborer une nouvelle Constitution, à soumettre à référendum avant le 7 février 2026.
5.L’établissement d’un calendrier électoral consensuel, menant à des élections démocratiques en octobre 2026.
6.L’adoption d’un plan de sauvetage national et d’une feuille de route économique et sociale.
7.La publication officielle de l’accord et de l’organe de surveillance dans Le Moniteur, afin de leur conférer force exécutoire.
En conclusion, Jean Henry Céant estime que Laurent Saint-Cyr a manqué l’occasion de rassembler et d’inspirer confiance, préférant, selon lui, des actions de façade à un véritable dialogue national.
Aujourd’hui, Laurent Saint-Cyr semble plus que jamais face à son destin, alors que le chronomètre politique s’accélère. Pendant ce temps, notre rédaction constate que l’ancien patron de M. Saint-Cyr, Olivier Barrau, est candidat à la présidence pour les prochaines élections et mène sa campagne à travers la fondation AIC.
Dans le même contexte, l’ambassadeur américain en Haïti multiplie ses prises de position publique sur les réseaux sociaux, réaffirmant la volonté de Washington de soutenir la traque des chefs de gangs et le retour à l’ordre démocratique.
Seul Laurent est loin d’Haïti.
Dodeley Orélus

