Port-au-Prince, le 25 novembre 2024 – L’Hôpital Universitaire de la Paix (HUP), situé à Delmas 33, est désormais l’un des derniers bastions du système hospitalier public dans la capitale haïtienne. Pris d’assaut par des centaines de patients chaque semaine, il fonctionne sous une pression extrême, alimentée par la fermeture progressive d’autres établissements, victimes de l’insécurité.
Depuis la fermeture de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) en février, et avec l’annonce du retrait de Médecins Sans Frontières (MSF) dans plusieurs zones sensibles de Port-au-Prince, le HUP est devenu l’unique hôpital public de niveau 3 encore opérationnel dans la région métropolitaine. Une situation qui a considérablement alourdi la charge de travail de son personnel soignant, tout en mettant à rude épreuve ses capacités logistiques et humaines.
Un afflux de patients critiques, une équipe débordée
Les services d’urgence sont saturés. Faute d’alternatives, les patients arrivent par dizaines, parfois dans un état critique, nécessitant une prise en charge rapide et structurée. Pour faire face à cette situation dramatique, l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS Haïti) et le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), avec le soutien de l’Union européenne (European Civil Protection and Humanitarian Aid, ont mis en place une initiative d’urgence.
Une dizaine d’infirmières du service des urgences ont été récemment formées au triage et à la gestion des cas critiques.
« Il était crucial de renforcer les compétences en triage pour mieux orienter les soins et éviter les pertes humaines évitables », a indiqué un cadre de l’OPS impliqué dans la formation.
Une réponse à la crise, mais pas une solution durable
Fait troublant : le budget national alloué à la santé a connu une baisse significative, alors même que le pays traverse une crise humanitaire majeure. Dans la dernière loi de finances qualifiée de « budget de guerre », l’enveloppe dédiée au ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) est passée de 22,96 milliards de gourdes à 20,78 milliards, soit une diminution de plus de 2 milliards de gourdes. Une décision paradoxale, alors que les besoins en soins, en équipements et en personnel n’ont jamais été aussi criants.
Si cette initiative permet un répit temporaire, elle n’enlève rien à la gravité de la situation. Le personnel de l’HUP travaille dans des conditions extrêmement précaires, avec des moyens limités et sous une pression constante. L’absence d’un plan global de sécurité sanitaire et la multiplication des zones rouges dans la capitale rendent chaque journée plus difficile que la précédente.
La rédaction