Port-au-Prince, 25 octobre 2025. – Les conseillers présidentiels Leslie Voltaire et Fritz Alphonse Jean, accompagnés du ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales Paul Antoine Bien-Aimé et du ministre de la Santé publique Bertrand Sinal, se sont rendus ce samedi au Centre national des opérations d’urgence (COUN) de la Direction générale de la protection civile (DGPC) à Clercine dans le cadre du passage de l’ouragan Melissa.
Lors d’un point de presse consacré à l’évolution de l’ouragan Melissa, qui menace directement le Sud et la Grand’Anse, le ministre Bien-Aimé a déclaré l’alerte rouge, appelant la population à « la plus grande prudence ».
Les conseillers présidentiels ont assuré que le Conseil présidentiel de transition (CPT) « prend toutes les dispositions nécessaires pour accompagner la population en cette période de catastrophe ».
Mais, aucune mesure concrète n’a été annoncée pour les familles déplacées, les zones à risque ou les camps de fortune où s’entassent des milliers d’Haïtiens dans des conditions déjà insoutenables.
Selon Human Rights Watch, les conditions de vie dans les sites de déplacement informels à travers le pays sont « de plus en plus critiques », avec près de 246 sites recensés en juin 2025, abritant chacun en moyenne 2 000 personnes. Cela représente près d’un demi-million d’Haïtiens vivant aujourd’hui sous des tentes ou dans des abris précaires, particulièrement vulnérables face à Melissa.
L’arrivée de Melissa fait craindre une catastrophe humanitaire d’ampleur si les précipitations annoncées se confirment.
De son côté, le directeur général de la Protection civile Emmanuel Pierre, la représentante de l’Unité hydrométéorologique d’Haïti (UHM) Marie Carmelle Valcourt Chéry, et le prévisionniste Wilner Polydor ont averti que Melissa apportera de fortes pluies, des vents violents, et un risque élevé de crues soudaines et glissements de terrain dans plusieurs communes enclavées du Sud.
Sur le plan international, les Nations Unies ont annoncé l’allocation de 4 millions de dollars américains issus du Central Emergency Response Fund (CERF) pour appuyer la préparation et la réponse à la tempête.
Mais alors que la crise multidimensionnelle — politique, humanitaire et environnementale — s’intensifie à près de trois mois de la fin du mandat du CPT, l’absence de mesures visibles pour protéger les plus vulnérables interroge.
Une fois encore, le peuple haïtien semble livré à lui-même, au bon vouloir de la nature, dans un pays où la fragilité institutionnelle rend chaque tempête plus dévastatrice que la précédente. L’absence de plan d’urgence clair et de coordination nationale soulève une fois de plus la question :
le peuple haïtien est-il condamné à affronter seul les colères de la nature ?
La rédaction

