Le 26 juin 1945, Haïti signait la Charte des Nations Unies, s’imposant comme l’un des premiers pays à croire en un monde fondé sur le droit, la paix et le dialogue multilatéral. 80 ans plus tard, alors que le pays traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire contemporaine, le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) marque cet anniversaire par une série d’initiatives sur le terrain.
Car si les symboles demeurent puissants, la réalité haïtienne les rattrape brutalement : institutions effondrées, violences extrêmes, paralysie politique, fragilité judiciaire. Face à ce désastre, le BINUH continue de jouer son rôle d’interface entre l’international et le national, tantôt facilitateur, tantôt catalyseur de réformes.
Du 30 mai au 2 juin, 153 leaders religieux du secteur vodou (91 mambos, 62 hougans) ont été sensibilisés à la prévention des violences sexuelles, dans les Cayes et à Jérémie, avec l’appui du BINUH et du Haut-Commissariat des droits de l’homme. Un travail essentiel dans un pays où la spiritualité reste une force sociale structurante.
Les 24 et 25 juin, 20 agents de l’UDMO ont reçu une formation sur le respect des droits humains en intervention, ciblant notamment les opérations à Port-au-Prince.
Sur le plan institutionnel, plus de 130 avocats du Barreau de Port-au-Prince ont débattu le 24 juin des pôles judiciaires spécialisés mis en place par décret en avril. Le bâtonnier a.i. Max Standley Lafortune, tout en saluant l’initiative, a pointé du doigt le manque criant de moyens, l’absence de coordination et la fragilité des structures judiciaires.
Enfin, le 19 juin, une réunion de haut niveau a rassemblé Premier ministre, président du CEP, diplomates et agences onusiennes. Le PNUD y a présenté les avancées du projet d’appui au processus électoral, preuve que, malgré l’incertitude, l’idée d’élections reste en filigrane.
Mais au-delà des chiffres et des rapports, c’est un appel moral qu’a lancé la représentante spéciale de l’ONU, Isabel Salvador, devant l’ECOSOC le 11 juin :
« Le peuple haïtien continue de faire preuve d’un courage et d’un engagement remarquables face aux immenses défis auxquels il est confronté. Leur résistance exige une réponse mondiale tout aussi déterminée et unie. »
Un message fort, mais qui résonne douloureusement dans un pays en quête d’actes concrets, pas seulement de discours bien tournés. Car commémorer la fondation de l’ONU, c’est aussi interroger son efficacité, 80 ans plus tard, à préserver ce qu’elle promettait à ses débuts : la paix, la justice, la dignité.
La rédaction