Alors que deux prises de position distinctes émanent successivement du ministère haïtien des Affaires étrangères et du Conseil présidentiel de transition (CPT), l’ancien ministre Edmond Bocchit appelle à une reprise en main coordonnée de la diplomatie haïtienne face aux sanctions migratoires imposées par les États-Unis.
Dans une note rendue publique, l’ex-titulaire du MAE propose cinq mesures prioritaires pour initier le retrait d’Haïti de la liste des pays dont les ressortissants sont interdits d’entrée sur le territoire américain. Selon lui, la multiplication des voix officielles autour de ce dossier migratoire sensible traduit une fracture institutionnelle, voire une tentative de rééquilibrage de la politique étrangère au sein même de l’exécutif de transition.
Les propositions avancées se déclinent comme suit :
- Renforcement de la sécurité aux frontières et du système d’identification nationale, notamment à travers la modernisation des passeports, l’intégration de données biométriques et la centralisation de l’état civil.
- Ouverture d’un dialogue structuré avec les autorités américaines, incluant la mise en place d’une task force bilatérale chargée du suivi des dossiers migratoires et de la prévention de la fraude documentaire.
- Réduction des facteurs internes de migration, par la mise en œuvre de programmes socio-économiques à fort impact local, avec un accent sur l’emploi, les infrastructures de base et les services sociaux.
- Lancement d’une campagne nationale d’information sur les voies légales de migration, en partenariat avec la diaspora, les médias communautaires et les organisations de terrain.
- Plaidoyer renforcé pour le renouvellement du TPS (Temporary Protected Status) pour les Haïtiens vivant aux États-Unis, et mobilisation autour d’autres dispositifs humanitaires alternatifs.
Face à la publication successive de deux notes officielles — l’une signée par le ministre Harvel Jean Baptiste, l’autre émanant du CPT — Edmond Bocchit y voit « un signe évident de fracture et peut-être le début d’une reprise en main politique de la diplomatie par d’autres pôles de pouvoir ». Le fait que Harvel Jean Baptiste soit considéré comme proche de Leslie Voltaire, et que ce dernier siège au sein du CPT, alimente les soupçons d’un désaccord stratégique avec d’autres figures du Conseil, notamment Fritz Jean.
L’enjeu reste majeur : restaurer la confiance des autorités américaines, tout en redonnant une direction claire à la politique étrangère haïtienne dans un contexte de crise prolongée.
La rédaction