Le 17 octobre 2025. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté à l’unanimité la résolution 2794 (2025), prolongeant d’un an le régime de sanctions imposé à Haïti, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Ces mesures comprennent le gel des avoirs, l’interdiction de voyager et le maintien de l’embargo sur les armes, dans un contexte marqué par la prolifération d’armes illégales et la montée de la violence des gangs.
Un régime de sanctions renforcé
Le texte adopté prévoit que ces mesures s’appliqueront désormais à toute personne ou entité impliquée dans des activités déstabilisant le pays, notamment à travers l’exploitation ou le commerce illicite des ressources naturelles.
Les États membres sont également invités à renforcer leurs contrôles frontaliers afin d’empêcher le trafic et le détournement d’armes à destination d’Haïti, et à appuyer les autorités haïtiennes dans la gestion des armes et munitions sur le territoire.
Le mandat du Groupe d’experts chargé de surveiller l’application des sanctions a été prolongé de 13 mois.
Deux nouveaux noms sanctionnés : Dimitri Hérard et Kempes Sanon
La nouvelle résolution ajoute deux figures haïtiennes à la liste des personnes sanctionnées :
Dimitri Hérard, ancien responsable de la sécurité présidentielle, accusé de soutenir les réseaux criminels armés ; Kempes Sanon, chef du gang de Bel Air et membre de la coalition Viv Ansanm.
Les deux hommes sont désormais soumis à l’interdiction de voyager et au gel de leurs avoirs internationaux.
Les États-Unis et le Panama saluent la décision
Pour la représentante des États-Unis, ces sanctions constituent « un élément clé d’un effort international pour ramener la paix et la stabilité en Haïti ». Elle a salué les désignations de Sanon et Hérard, tout en rappelant que « la liste n’est pas complète » et que d’autres acteurs de l’insécurité continuent d’échapper à la justice.
Son homologue du Panama, coauteur du texte, a souligné l’importance de « l’application effective de l’embargo sur les armes », indispensable pour « retirer le carburant qui alimente le conflit ». Il a toutefois regretté que certains acteurs politiques et économiques soupçonnés de liens avec les gangs n’aient pas été inclus dans la résolution.
Paris et Copenhague regrettent l’absence de référence aux violences sexuelles
Si la France et le Danemark ont salué le renforcement du régime de sanctions, leurs représentants ont exprimé leur déception face à l’absence de mention des violences sexuelles et basées sur le genre dans le texte.
Le Royaume-Uni et la Slovénie ont également plaidé pour que ces crimes — qui touchent particulièrement les femmes, les enfants et les personnes LGBT — soient intégrés aux critères d’évaluation du Conseil de sécurité lors des prochaines révisions du régime de sanctions.
Pékin, Islamabad et Moscou appellent à la prudence
La Chine a appelé à un meilleur encadrement du contrôle des armes et munitions, tout en exhortant « le principal pays source des armes illégales » à agir concrètement pour stopper leur flux vers Haïti.
Le Pakistan a rappelé que les sanctions « ne sont qu’un moyen » et doivent cibler les individus responsables sans pénaliser la population.
La Russie, présidant le Conseil pour le mois d’octobre, a quant à elle mis en garde contre toute tentative d’utiliser les sanctions « pour remodeler le paysage politique haïtien ».
Haïti salue la décision mais exige une application réelle
Le représentant d’Haïti a salué le renouvellement des sanctions, estimant qu’elles peuvent devenir un outil de dissuasion efficace si elles sont pleinement appliquées contre les gangs et leurs soutiens financiers.
Il a appelé à une coopération accrue entre les acteurs nationaux, régionaux et internationaux pour lutter contre le trafic d’armes, tout en assurant que les cas des personnes sanctionnées seraient traités conformément au droit haïtien.
Un message de fermeté internationale
Ce renouvellement du régime de sanctions intervient alors que le pays fait face à une crise sécuritaire majeure, avec des milliers de morts et jusqu’à 500 000 armes illégales estimées en circulation selon l’ONU.
La rédaction

