Port-au-Prince / Washington / Saint-Domingue, 26 juin 2025 – Le vent tourne contre la MMAS en Haïti. Un an après l’arrivée des premières troupes kényanes dans la capitale haïtienne, le président William Ruto menace désormais de retirer son pays de la mission, dénonçant l’insuffisance des financements et des soutiens logistiques. À cela s’ajoutent les critiques venues de Washington : le Secrétaire d’Etat Marco Rubio estime que « le Kenya est dépassé par la situation en Haïti » et appelle l’Organisation des États américains (OEA) à « prendre enfin ses responsabilités ».
Cette déclaration, faite depuis le Sénat américain, fait écho à une prise de parole officielle ce 26 juin à l’OEA, où l’ambassadeur des États-Unis, H.E. Christopher Landau, a violemment critiqué l’Organisation, qu’il juge n’avoir pas jouer son rôle en Haïti, au Venézuela et dans l’Essquebo ».
Le média dominicain Diario Libre a rapporté que dans une lettre adressée au Conseil de sécurité de l’ONU, le président kényan dénonce une mobilisation bien en deçà des engagements. Moins de 40 % du personnel promis a été déployé et seulement 11 % des 600 millions de dollars requis pour la première année ont été fournis. William Ruto prévient : « Sans orientation claire et appui concret, le Kenya ne pourra poursuivre cette mission. »
Lancée en juin 2024, la MMAS n’a, selon plusieurs observateurs, obtenu aucun résultat tangible : aucune opération anti-gang réussie, aucune voie stratégique libérée, et une situation sécuritaire qui ne cesse de se détériorer.
Alors que le doute s’installe sur l’avenir de la MMAS, la République dominicaine cherche à reprendre l’initiative. Le président Luis Abinader a rencontré ce jeudi 26 juin Danilo Medina dans le cadre d’un dialogue inter-présidentiel lancé en mai dernier. Il est question du côté dominicain d’ élaborer une stratégie commune face aux conséquences régionales de la crise haïtienne et proposer à l’ONU une transformation de la MMAS en mission hybride sous mandat onusien.
Une rencontre avec l’ex-président Leonel Fernández est prévue dans les prochains jours, tandis que six groupes de travail ont été constitués par le Conseil économique et social pour coordonner une politique d’État sur la question haïtienne.
Grâce à une initiative dominicaine soutenue par trois anciens chefs d’État, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira le lundi 30 juin pour réévaluer l’avenir de la MMAS. L’idée d’une mission de maintien de la paix sous l’égide des Nations unies y sera débattue. Mais en attendant, Haïti reste livré à lui-même, avec des gangs qui contrôlent Port-au-Prince et des centaines de milliers de déplacés internes.
Entre le désengagement du Kenya, le gel des financements américains, les critiques contre l’OEA, et l’initiative dominicaine, la gestion internationale de la crise haïtienne semble à un tournant décisif. Les haïtiens devront-elles attendre une nouvelle solution étrangère pour prendre en main la destinée de la Nation ?
La rédaction



