Washington/Port-au-Prince, 24 juillet 2025 — En prélude à sa prise de fonction en Haïti, le Représentant spécial et chef du BINUH, M. Ruiz Massieu, a rencontré à Washington le secrétaire d’État adjoint américain Christopher Landau afin de renforcer la coopération bilatérale face à la grave crise sécuritaire et institutionnelle que traverse Haïti.
Dans ce contexte, l’Organisation des États américains (OEA) a présenté un projet de feuille de route stratégique, élaboré à la suite de la résolution adoptée lors de son Assemblée générale à Antigua-et-Barbuda, le 27 juin 2025. Cette résolution engage l’OEA, en collaboration avec le gouvernement haïtien, le BINUH et la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS), à définir un plan d’action dans les 45 jours pour répondre à l’urgence haïtienne.
La situation en Haïti est décrite comme la plus grave crise de gouvernance et de sécurité de l’hémisphère occidental.
Selon les chiffres les plus récents :
90 % de Port-au-Prince est contrôlé par des gangs armés.
Plus de 5 600 personnes ont été tuées en lien avec la violence depuis 2024.
Haïti compte 1,3 million de déplacés internes, soit 1 % du total mondial — un record en proportion de la population.
4,7 millions de personnes font face à une insécurité alimentaire aiguë.
300 écoles détruites, 2 millions d’enfants non scolarisés, 60 % sans accès à l’eau potable, et moins de 30 % ont un accès fiable aux soins de santé.
L’inflation dépasse 25 %, le chômage 40 %, et près de 40 % de la population vit avec moins de 2,15 dollars par jour.
Le plan proposé par l’OEA vise à :
Renforcer le leadership haïtien et l’appropriation nationale du processus de transition.
Améliorer la coordination régionale et multilatérale avec le soutien de la CARICOM, de la MSS dirigée par le Kenya, et des institutions interaméricaines (BID, OPS, IICA).
Éviter la duplication des initiatives, favoriser les synergies, et créer un cadre stratégique commun.
Cibler les communautés locales et les populations vulnérables dans une approche progressive et multisectorielle (sécurité, santé, éducation, gouvernance).
Le rapport souligne les limites actuelles de la MSS : seuls 40 % des effectifs prévus ont été déployés, faute de financements suffisants. Le fonds fiduciaire géré par les Nations Unies ne contient que 110,8 millions de dollars, dont une partie reste non engagée. L’absence de statut juridique formel de la mission freine sa capacité d’action.
Le Secrétaire général de l’ONU a proposé en février 2025 la création d’un bureau d’appui logistique pour combler ces lacunes, une proposition encore en attente de validation par le Conseil de sécurité.
La feuille de route n’a pas vocation à remplacer les initiatives existantes, mais à les articuler autour d’une stratégie commune, respectueuse des priorités exprimées par les autorités haïtiennes et impliquant l’ensemble des acteurs nationaux : institutions, société civile, diaspora, partenaires régionaux et internationaux.
La participation active du Conseil présidentiel de transition (CPT), dont le mandat arrive à terme le 7 février 2026, est jugée cruciale pour éviter un nouveau vide politique et sécuriser le processus vers des élections libres et crédibles.
La rédaction

