Port-au-Prince, 13 mai 2025 — Faute de garanties sécuritaires dans la cité historique de l’Arcahaie, les autorités haïtiennes ont choisi, une fois de plus, de délocaliser les cérémonies officielles de la Fête du Drapeau. Cette année encore, c’est la ville du Cap-Haïtien qui accueillera les célébrations du 222e anniversaire de la création du bicolore haïtien.
Placée sous le thème « Yon sèl pèp, yon sèl drapo, yon sèl nasyon » (Un seul peuple, un seul drapeau, une seule nation), cette commémoration s’inscrit dans un contexte national tendu, marqué par une instabilité sécuritaire persistante. Le choix du Cap-Haïtien est justifié, selon la ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique, Niola Lynn Sarah Dévalis Octavius, par une volonté de décentralisation.
La ministre a toutefois précisé que des activités symboliques auront lieu simultanément dans d’autres villes du pays, dont Port-au-Prince et même l’Arcahaie, bien que cette dernière n’accueillera pas la cérémonie centrale.
Selon les informations disponibles, entre 300 et 400 millions de gourdes seront décaissées à l’occasion de cette célébration nationale.
Du côté du Cap-Haïtien, les préparatifs vont bon train. Patrick Almonor, l’un des agents exécutifs intérimaires de la Mairie, a déclaré que des dispositions concrètes sont en cours, notamment des opérations de nettoyage et des rencontres prévues avec le ministère de l’Économie et des Finances pour faciliter le décaissement des fonds nécessaires. Il assure que les festivités se dérouleront dans un climat de sécurité.
Ce n’est pas la première fois que les autorités renoncent à organiser des cérémonies nationales dans leurs lieux symboliques. Depuis plusieurs années, l’insécurité chronique empêche la tenue de certaines célébrations majeures.
Le 17 octobre, date de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, aucune gerbe de fleurs n’est déposée au Pont-Rouge. Le 1er janvier, la traditionnelle célébration de l’indépendance ne se tient plus aux Gonaïves, ville historique. Le 1er mai, les foires agricoles et artisanales de Damien ou du Champ-de-Mars à Port-au-Prince ont, elles aussi, été suspendues ou fortement réduites.
En choisissant une nouvelle fois de contourner l’Arcahaie, les autorités confirment, malgré elles, la fragilité de l’État face aux défis sécuritaires et logistiques. Reste à voir si la commémoration au Cap-Haïtien parviendra à insuffler un nouveau souffle patriotique dans un contexte de transition nationale.
La rédaction