Port-au-Prince, le 14 Juin 2025. La présence d’Haïti au Sommet Brésil-Caraïbes, avec à sa tête Fritz Alphonse Jean, président du Conseil présidentiel de transition, a été marquée par un discours fort du président Luiz Inácio Lula da Silva. Dans les échanges bilatéraux du président Lula, il a rappelé l’historique de la solidarité brésilienne envers Haïti : premier donateur post-séisme, 90 000 visas humanitaires, engagement dans la MINUSTAH…
Mais si les discours étaient chaleureux, les résultats restent symboliques.
Ce que Haïti a obtenu
• Une visibilité diplomatique accrue, Haïti figurant en tête des priorités régionales de Lula ;
• La reconnaissance politique de la transition en cours, symbolisée par la rencontre entre Lula et Fritz Jean ;
• La volonté exprimée d’une mobilisation internationale pour la stabilisation et le développement du pays.
Mais malgré ces signaux d’attention, aucun engagement financier concret ni aide logistique immédiate n’a été officialisé. L’aide reste conditionnée à de futurs engagements multilatéraux, sans calendrier précis ni enveloppe dédiée.
Un langage diplomatique révélateur
Dans la photo officielle du sommet, le langage visuel renforce cette hiérarchie implicite : Luis Abinader, président de la République dominicaine, apparaît immédiatement à la droite de Lula, en position d’honneur. Fritz Jean, lui, est relégué en troisième position à gauche. Un détail protocolaire qui traduit une réalité diplomatique plus large : Haïti est vu comme une urgence humanitaire, tandis que la République dominicaine est traitée comme un partenaire stratégique.
Le contraste dominicain : influence régionale et retombées concrètes
Pendant ce temps, la République dominicaine engrange
Avec méthode, la République dominicaine a consolidé sa stature diplomatique dans la région.
• Elle a été élue vice-présidente de la Conférence pour l’Amérique latine et les Caraïbes sur les océans ;
• Elle a renforcé son alliance avec la France, qui financera 85 % du projet de train métropolitain de Saint-Domingue ;
• Le président Emmanuel Macron a promis une visite officielle en 2026, à l’occasion de l’inauguration du monorail de Santiago ;
• Un dialogue stratégique a été engagé sur la défense, l’éthanol et la transition énergétique avec le Brésil.
Luis Abinader a même profité de ces rencontres pour évoquer la crise haïtienne, appelant à une implication internationale accrue — tout en s’exprimant depuis une position d’acteur influent, et non de pays demandeur.
Le cas Saint-Cyr : un tantinet plus chanceux que Fritz Jean
Parallèlement, Laurent Saint-Cyr, conseiller présidentiel, a poursuivi les rencontres bilatérales lors du Sommet sur l’Océan à Nice.
• Il a rencontré la ministre mexicaine Alicia Bárcena, qui a annoncé la formation de 150 soldats haïtiens, la relance des bourses d’études et une coopération économique renforcée ;
• Il a aussi échangé avec le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui a renouvelé son soutien tout en appelant les acteurs haïtiens à prendre leurs responsabilités.
Des gestes importants, certes, mais là encore, les résultats concrets se limitent à des annonces à portée différée, sans projet structurant à court terme. Haïti ne présente pas non plus de Projets Durables. Les Conseillers ne vendent que l’insécurité qui sévit dans l’Ouest et dans quelques villes de l’Artibonite et du Centre, oubliant qu’il existe 10 départements.
Conclusion
La diplomatie haïtienne, bien que présente et active, ne suffit plus sans un État capable d’exécuter et de transformer l’aide en développement. Le risque est réel : que le pays ne soit plus qu’un cas humanitaire, pendant que ses voisins deviennent des pôles d’investissement régional.
La rédaction