Et si pour cette sortie de Lyrics, nous choisissions de porter de la lumière à nos frères haïtiens qui croient avoir perdu leur essence divine, en guise de rappel de ce qu’ils sont réellement, en dépit de l’indifférence de ce monde dominé par l’impérialisme. Pour ce faire, notre plume s’inspire, cette fois-ci, des Yves JOSEPH alias Fanfan Ti Bot, compositeur de génie et véritable pilier de Tabou Combo, qui nous annonce royalement par la voix de Roger M. Eugene que : « la lumière vient vers vous ». « Light Is Coming Your Way », ce titre gravé sur l’album The Music Machine, sorti en 1978, nous rappelle qu’après la nuit, le soleil se lève toujours sur les Haïtiens.
Ma lumière s’est allumée un 1er janvier. En l’an 1804 plus précisément. Je célèbre donc chaque page de mon existence qui porte la marque d’un pas, d’un souffle, d’un choix, d’une rencontre avec le monde et de ma révolution au profit des Droits de l’Homme. Je me considère comme une fourmi docile qui voyage non seulement sur les routes du monde, mais aussi sur les chemins invisibles de l’âme. Car il existe des voyages que l’on ne fait pas avec les pieds, mais avec le cœur, avec la conscience, avec le courage de se découvrir soi-même et par-dessus tout avec un instinct de survie. N’est-il pas vrai que le droit à la migration est un cadre juridique complexe régissant les mouvements de personnes, fondé sur des principes de droits de l’homme ?
Désormais, il est question d’avancer vers notre Eldorado, comme si la lumière de notre presqu’île possédait une force magnétique. Même si le soleil tarde à se lever, pour moi, l’espoir est un credo : un horizon nouveau, un appel, un lieu où la lumière ne change pas et où l’homme se transforme. Je marche vers cet espace intérieur où chaque fin annonce un recommencement. Et dans ce mouvement, je me sens vivant.
Mon parcours n’a pas été simple. J’ai connu des chemins de poussière, la traversée des forêts sauvages, et les mers agitées n’ont pas freiné ma quête de survie. J’ai connu des nuits lourdes de doutes, des carrefours où l’on hésite, et même des moments où le silence faisait plus de bruit que les voix humaines : entre les traumatismes liés à l’esclavage, l’appauvrissement des dettes, le cauchemar des occupations et l’ingérence constante, je reste et demeure haïtien et fier de l’être. Car je ne regarde pas en arrière, je n’ai point de complexe vis-à-vis d’autrui, et le passé ne m’est point un lieu de résidence, seulement un lieu de passage, un devoir identitaire. J’y prends les leçons, j’y laisse les regrets. Car je sais que celui qui marche en tournant la tête finit par trébucher.
Aujourd’hui, ce qui m’importe, c’est le futur, ce territoire encore vierge, encore plein de promesses, car j’ai foi en un changement profond : « en la nouvelle Haïti ». Je regarde vers l’avant comme on regarde vers la lumière : avec confiance, avec humilité, avec la certitude que la vie se renouvelle pour celui qui continue d’avancer. Le futur, pour moi, n’est pas seulement ce qui va arriver : c’est ce que je choisis de devenir.
Je sens que chaque douloureuse étape surmontée n’est pas un poids, mais un degré de plus dans ma compréhension du monde. Aujourd’hui, face à l’hypocrisie du monde ingrat, je me surprends à remercier ce que, hier, je pensais pouvoir m’anéantir. À ce moment où certains se lassent de ma présence qui reflète leur mauvaise conscience, mon voyage devient plus intérieur et personnel, plus profond.
Chaque cri de mon âme, que l’on pensait à l’agonie, peut être perçu comme un acte de présence, une façon de dire : « Me voici, là où j’en suis, avec mes forces, mes cicatrices, mes rêves encore intacts. » Je crie pour ancrer mes pas, pour éclairer ma route, pour honorer le voyage déjà accompli et l’héritage de mes ancêtres. Mais je crie surtout pour mieux repartir. Car mon existence n’est pas une histoire figée : c’est un mouvement, un souffle, une marche continue vers ce que je n’ai pas encore accompli dans les annales de l’histoire de l’humanité.
La route est longue, mais elle n’est point une impasse. Le soleil se lève toujours pour l’Haïtien et j’irai vers lui. Que je sois migrant clandestin, expatrié ou auto-séquestré, je poursuivrai mon chemin. À ce stade de mon voyage, je ressens le besoin de remercier tous ceux que j’ai rencontrés sur ma route. Dans les bons moments comme dans les épreuves, chacun a laissé en moi une trace, une vibration, une leçon. Ceux qui m’ont offert l’asile, leur reconnaissance et leur solidarité, leur lumière : je les remercie du fond du cœur. Ils ont été des phares, des abris, des ponts qui relient l’homme à son essence divine. Et ceux qui m’ont fait goûter le sang, la sueur et le sucre pour œuvrer à leur opulence, tout en heurtant ma marche qui ne contrarie en rien la leur : je ne les retiens pas, je ne porte rien contre eux, car je suis haïtien, fils de lumière et d’amour.
La souffrance qu’ils ont laissée se transforme, patiemment, en sagesse. Je libère tout ce qui aurait pu m’alourdir pour laisser libre cours au soleil de l’espoir, contre toute haine. Je pardonne, non pour eux, mais pour moi, pour continuer mon chemin avec un cœur léger, car je sais que la haine engendre la haine et que toute haine de l’autre conduit à la perte de celui qui la nourrit.
Longtemps je me voyais comme un errant. Aujourd’hui, je comprends finalement qu’il s’agit plutôt d’un long voyage qui se poursuit. Que je sois au Chili, au Brésil, au Canada, chez l’Oncle Sam ou chez le voisin, mon cœur sera toujours tourné vers l’est où le soleil se lève toujours, car je suis la lumière, elle est haïtienne, je suis haïtien.
Par : Joël PAUL et Marc Arthur PAUL.
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