Depuis son investiture en octobre 2024 en tant que président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) en Haïti, Leslie Voltaire fait le choix de migrer vers une diplomatie active, mais parfois déroutante. Ses initiatives récentes soulèvent des questionnements sur la cohérence de la politique étrangère haïtienne, s’il en définissait une, et les risques potentiels associés.
En décembre 2024, Voltaire a sollicité une aide en matière de sécurité et d’alimentation auprès de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), une organisation dont Haïti n’est pas membre. Cette démarche a été perçue par certains observateurs comme une tentative de diversification des partenariats internationaux, mais elle pourrait également être interprétée comme un éloignement des alliés traditionnels d’Haïti, notamment les États-Unis.
De plus, Haïti était représentée à l’investiture de Nicolás Maduro le 14 janvier, malgré les controverses entourant sa réélection, par les pays alliés traditionnels d’Haïti. Cette proximité avec le régime vénézuélien contraste avec la position de la République dominicaine qui, elle-même, accueillait le leader de l’opposition Colombienne Edmund Gonzalèz reconnu comme président par la communauté internationale. Voltaire lui déclare qu’Haïti n’a jamais suspendu ses relations avec le Venezuela. Une décision qui pourrait isoler Haïti sur la scène diplomatique régionale, d’autant que plusieurs pays de la Caricom se sont alliés aux Américains.
Parallèlement, Voltaire a rencontré le président colombien Gustavo Petro en janvier 2025 à Jacmel, renforçant ainsi les liens avec la Colombie. Cependant, cette rencontre s’est déroulée alors que Petro critiquait ouvertement la politique migratoire de l’administration Trump, appelant les pays du Sud à s’unir contre les nouvelles mesures américaines.
Des relations tendues avec les États-Unis
Indirectement, les relations entre Haïti et les États-Unis se détériorent par rapport aux décisions de Trump liées à l’aide internationale et à la migration, entre autres. L’administration Trump a décidé de geler l’aide étrangère destinée à Haïti et de renforcer les mesures de déportation des migrants haïtiens. Voltaire a qualifié ces décisions de “catastrophiques” pour son pays, soulignant l’aggravation de la violence des gangs et la crise humanitaire.
Trump a imposé des sanctions à la Colombie pour avoir refusé de recevoir les avions américaines qui transportaient les Colombiens illégaux aux États-Unis, et aussi, il a interdit la délivrance de visas aux Colombiens à Bogota. Bien que les deux pays aient trouvé une entente, il est clair que la relation restera tendue entre les Etats-Unis et la Colombie.
Une diplomatie à double tranchant
La stratégie diplomatique de Voltaire, qui consiste à diversifier les partenariats tout en critiquant ouvertement les politiques américaines, pourrait isoler Haïti sur la scène internationale. En s’alignant sur des nations souvent en désaccord avec Washington, Haïti risque de compromettre son accès à l’aide et au soutien des États-Unis, historiquement l’un de ses principaux bailleurs de fonds.
Les dangers d’une telle approche
Cette orientation diplomatique pourrait avoir des conséquences néfastes pour Haïti. La dépendance accrue envers des partenaires non traditionnels pourrait ne pas compenser la perte du soutien américain. De plus, l’absence de dialogue avec des voisins immédiats, comme la République dominicaine, avec laquelle les relations sont tendues depuis le différend sur le canal frontalier, pourrait exacerber l’isolement régional d’Haïti.
En fin de compte, la diplomatie menée par Leslie Voltaire semble osciller entre opportunisme et incohérence, suscitant des inquiétudes quant à l’avenir des relations internationales d’Haïti. Il est essentiel pour le CPT de définir une politique étrangère claire et cohérente, afin d’éviter un isolement diplomatique qui pourrait aggraver la situation socio-économique déjà précaire du pays. Leslie Voltaire doit remettre le pouvoir à Fritz Alphonse Jean la première semaine du mois de Mars.
Le pays sera bientôt gouverné par l’Accord de Montana à travers Fritz Jean. L’équipe de Montana réputée pro-Démocrate dans les couloirs de Washington aura-t-elle le temps de changer de fusil d’épaule ?
La diplomatie haïtienne pourra-t-elle faire face à l’ouragan qui s’annonce ?
La rédaction


