Port-au-Prince, 16 juillet 2025 — L’Union européenne a imposé de nouvelles sanctions contre trois figures clés de la violence armée en Haïti : Micanor Altès (Wharf Jérémie), Christ-Roi Chéry dit « Krisla » (Ti Bwa) et Jeff Larose (zone de Canaan). Ils sont désormais interdits d’entrée dans l’UE et leurs avoirs y sont gelés.
L’ambassade de France en Haïti a salué ces mesures, affirmant qu’elles s’inscrivent dans une volonté de lutter contre l’impunité. Ces sanctions prolongent le régime de mesures restrictives adopté en juillet 2023, déjà appliqué à trois autres chefs de gang depuis décembre 2024.
Les faits reprochés sont graves : massacre de plus de 200 civils, enlèvements, homicides, violences sexuelles et recrutement forcé d’enfants.
Cependant, en Haïti, la portée de ces sanctions est remise en question. Les chefs de gangs concernés ne voyagent pas en Europe et n’ont pas d’avoirs bancaires connus. Aucune banque haïtienne n’a signalé avoir gelé des comptes. Certains observateurs estiment que ces sanctions relèvent davantage du symbole que d’une réponse efficace.
La Chine, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, a exprimé des doutes sur la capacité d’Haïti à comprendre et appliquer ce régime. L’ambassade de France insiste néanmoins : « Pour être efficaces, les sanctions doivent être relayées par la justice haïtienne », en appelant à mettre en place des pôles judiciaires spécialisés.
La haute représentante de l’UE, Kaja Kallas, a souligné que la situation en Haïti s’aggrave, appelant à accélérer le soutien à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS). Mais sur le terrain, les violences se poursuivent, les gangs étendent leur influence hors de la capitale, et les cargaisons d’armes et de drogues continuent de circuler.
Lundi dernier, la police haïtienne a intercepté une cargaison de cocaïne à l’île de la Tortue. Selon l’ONU, plus de 1 000 personnes ont été tuées entre octobre 2024 et juin 2025, et des centaines d’autres blessées ou enlevées, notamment dans l’Artibonite, le Centre et le Centre-Sud.
Selon l’ONU, entre le 1er octobre 2024 et le 30 juin 2025, au moins 1.018 personnes ont été tuées, 213 autres blessées et 620 enlevées dans l’Artibonite et le Centre, ainsi qu’à Ganthier et Fonds Parisien, à l’ouest de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Au cours de la même période, le nombre total d’assassinats en Haïti s’élevait à 4.864.
La rédaction

