La dénonciation faite en juillet dernier par l’ex-Président du Conseil d’administration de la BNC, Raoul Pierre-Louis contre Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire, a détruit ce qui restait de l’image du CPT qui vit depuis son installation le 25 Avril 2024 d’indélicatesse, de scandales et de soupçons de corruption.
Entre les cent millions de gourdes (HTG100,000,000.00) pour le renouvellement du poste au Conseil de la BNC et l’argent de l’intelligence du Palais national, émargé dans le budget de la République et partagé mensuellement entre l’ensemble des membres du CPT, on doit se demander ce qu’il en est de cette manière de faire. Ne peut-on pas parler dans ce dernier cas de détournement de fonds qui donne compétence à l’ULCC ?
Selon l’opinion publique, il est malheureux que le PM Conille ait accepté de signer la lettre de révocation de Raoul Pierre-Louis. Ce dernier aurait pu être écarté de manière plus appropriée s’il s’agissait effectivement de caducité du mandat du conseil d’administration de la BNC. Le dénonciateur a été dénoncé et révoqué grossièrement, d’où la perception que Raoul Pierre-Louis a été révoqué par le PM pour avoir dénoncé les trois (3) conseillers soupçonnés.
Si on se base sur la définition de la corruption conformément à la loi du 12 mars 2014, les indices de corruption, les soupçons de corruption eu égard à l’appréciation même que l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC) fait des différents textes de loi et les conclusions dans ses rapports d’enquêtes, on devra se questionner, en plus des cent millions gourdes (G. 100.000.000.00) sollicités, sur notamment ce qui suit :
– Les conseillers-présidents n’ont jamais fourni les pièces relatives à leur entrée en fonction, exigées tant par la constitution que par le Décret les instituant ;
– Les conseillers-présidents n’ont pas respecté l’accord du 3 Avril 2024 portant organisation du CPT ;
– L’argent de l’intelligence du palais continue à être décaissé mensuellement par le ministère des Finances. Le montant est divisé par 9 selon les dénonciations répétées de l’Accord de Montana ;
A noter que dans le budget rectificatif 2023-2024 au niveau du titre VI (1214-1-13) les autres dépenses publiques en matière service de sécurité pour le palais national sont émargés à 240,952,340 gourdes soit à peu près vingt millions de gourdes par mois ;
– Des soupçons de corruption et trafics d’influence restent monnaie courante dans l’administration publique à tous les niveaux ;
– Rares sont les conseillers qui ont soumis leur déclaration de Patrimoine, etc… ;
Le directeur de l’ULCC attend-il, comme à l’accoutumée, le départ des membres du CPT pour les accuser de non-déclaration de patrimoine (la prévention valant toujours mieux que la punition). Pourra-t-il toujours choisir les dossiers et les contrevenants de manière discriminatoire ?
Parlant justement d’élections, où est l’enquête sur le dossier DERMALOG ? Rappelons que le Cabinet Expertus, fondé par le DG de l’ULCC Hans Joseph, est le cabinet d’avocats de personnes indexées dans le scandale de DERMALOG. Pourquoi aucun rapport sur ce dossier malgré les dénonciations faites par plus d’un ?
Fermons cette parenthèse…
La question qui nous intéresse aujourd’hui principalement est celle-ci : “Les trois (3) conseillers-présidentiels doivent-ils démissionner ?”
La réponse la plus simple et la plus digne serait OUI, ils doivent s’écarter pour que l’image du conseil présidentiel, quoique toujours douteuse, soit rétablie. Cependant, au rythme où va la Gouvernance du pays, on se demande si les mots comme Patriotisme, Leadership, Ethique, Sens de l’honneur, Grandeur d’âme et le concept d’Homme d’Etat sont encore au rendez-vous? Peut-on toujours parler d’image, de respect et de souveraineté du pays quand un Secrétaire d’Etat Américain (équivalent du ministre des Affaires Etrangères) convoque à son ambassade le président du CPT, Egdar Leblanc, et le PM Garry Conille?
Crise, coup bas, corruption, gangstérisation, malhonnêteté, contrebande sont des dénominateurs communs qui caractérisent, dans la perception tant au niveau national qu’international, toutes les parties prenantes formant le CPT. Faisons une courte radiographie tout en rappelant que ces entités, qui, pour la majorité, ont pris naissance dans la crise sous Jovenel Moïse et Ariel Henry, ont été retenues arbitrairement par la Caricom, les Etats-Unis, la France, le Canada, le Mexique et les Nations Unies, le 11 Mars 2024 à la Jamaïque.
- Collectif 30 Janvier : sans rentrer dans des détails, le PHTK est membre du Collectif. Les Etats-Unis ont sanctionné le 20 août dernier le Leader du PHTK, Michel Martelly, pour trafic illicite de drogue.
- Fanmi Lavalas : le parti de Jean Bertrand Aristide est celui qui a donné naissance aux “Chimères” et aux « Kokorat». Ces derniers ont aujourd’hui évolué en gangs armés, après avoir pris conscience de leurs pouvoirs face à leur géniteur et pourvoyeurs de la classe politique et économique. Aristide avait donc créé en 1991 son corps de défense avec les hommes et les femmes des quartiers populaires pour protéger son pouvoir contre les membres de l’élite et des militaires selon des rapports de plusieurs organisations internationales dont le Global Initiative. Lesly Voltaire n’a-t-il pas été cité dans le rapport de la Commission d’Enquête Administrative dirigée lors par Paul Denis?
- EDE/RED et Compromis Historique : Le nom du leader de EDE Claude Joseph est cité dans différents scandales au niveau de la diplomatie haïtienne. Il est déclaré persona non grata en République Dominicaine par Luis Abinader à côté des gangs notoires du pays. Le juge Walther Voltaire a même exigé la mise en mouvement de l’action publique contre lui dans l’enquête portant sur l’assassinat du Président Jovenel Moïse. Le même Juge a pointé du doigt des dirigeants de RED dans l’assassinat du président Moïse, notamment M. Renald Lubérice.
- Société civile : le représentant de la société civile, le Pasteur Frisnel Joseph, a fait partie du CEP (2016). La Conférence des pasteurs (COPAH) qu’il représentait au sein du conseil avait exigé sa démission car « les pasteurs se disaient scandalisés du comportement de leur représentant au sein du CEP qui fait passer en avant ses viles ambitions » pour reprendre le journal “Le National”.
- Accord 21 décembre : l’équipe qui a dirigé le pays avec Ariel Henry et qui a abouti à cette crise sécuritaire et humanitaire. Cette même équipe qui a appelé au déploiement de troupes étrangères en Haïti. Les mêmes hommes et femmes dans le pouvoir Henry, auront à nouveau la machine politique à travers le tour de table du Dr Gérald Gilles.
- Accord de Montana : l’équipe de Montana (adepte de la transparence) n’a jamais pu confirmer pour le public sa composition actuelle, l’identité ou le nombre de ses membres. Tandis qu’elle positionne ses membres à différents niveaux du gouvernement, elle dénonce régulièrement le CPT et le Premier Ministre du fait que l’accord du 3 Avril 2024 n’a été ni publié ni respecté.
- Le secteur privé : Si on doit se référer aux discours, aux différents textes de préambule sur ces sanctions en veux-tu en voilà, le secteur privé haïtien est presque perçu comme ce mal qui ronge le pays depuis son indépendance. D’après certains historiens, depuis l’occupation américaine, un accord tacite a été convenu entre cette classe d’hommes et les Américains pour garder le contrôle du pays sous n’importe quelle forme. Leur représentant au sein du CPT, Laurent St-Cyr, chevauche à la fois HCT et CPT. Le secteur privé ou secteur des affaires composé pour la majorité des classes aisées formant les oligarques, est dénoncé pour avoir sous-traité les services des gangs armés, alimenté la contrebande, et ruiné les efforts des classes moyennes.
- Secteur Confessionnel : le secteur confessionnel inter-foi a été jusqu’à utiliser la signature de Monseigneur Pierre-André Dumas, hospitalisé lors, pour soumettre une proposition à la CARICOM. Une signature qui allait être dénoncée par la Conférence Épiscopale d’Haïti avec toute la diplomatie qui caractérise les hautes autorités de l’Eglise Catholique. Ce document dénommé « Consensus Politique pour une Transition ordonnée … …… » a été signé le 9 mars 2024, entre autres, par Montana, Fanmi Lavalas, Jerry Tardieu (En Avant), Jean Philippe Austin (HAFFD) pour la Diaspora, le Secteur Privé… Quelle est la motivation de ce secteur confessionnel qui a récupéré le ministère de l’Environnement ? Veut-il nous rappeler les centres germoplasmes?
- Pitit Desalin. Qui n’a pas vécu les revirements stratégiques de Moïse Jean Charles sous presque tous les gouvernements et aussi dans les transitions ? Sans nous éterniser ici, on rappelle que Moïse n’était que l’allié de Guy Philippe quand il a décidé de laisser tomber ce dernier pour faire partie du conseil présidentiel. Après avoir incité le peuple à brûler les banques, à déchouquer les nantis, a-t-il été contraint aujourd’hui à promouvoir la construction démocratique par son appartenance au CPT? Conséquemment, on le retrouve en joyeuse intelligence avec les ambassades.
De plus, les conseillers-présidents sont tous sortis, en toute solidarité, de la tutelle des structures qui les ont désignés. Cinq (5) des représentants de secteurs sont des transfuges de Montana, voilà ce que nous avions appelé des “entités Kangourous”.
Un rappel des 3 conseillers visés dans le scandale, même souhaité par une certaine opinion publique, crée un problème juridiquement insoluble (majorité membres votants 5/7). La situation actuelle (retrait, rappel ou révocation d’un membre du CPT) n’est pas prévue dans les dispositions du décret du 23 mai 2024 portant création du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et déterminant son mode de fonctionnement.
D’un autre point de vue, la démission des 3 membres pour un citoyen lambda ne sera qu’une façade car, tous les grands corrupteurs, corrompus, dilapidateurs, petrochallengers, dénonciateurs et membres de l’opposition sont définitivement dans l’histoire du pays réunis à la même table. Un coup de génie du concepteur du CPT pour neutraliser tout ce monde et en faire mutuellement l’un complice de l’autre par solidarité tacite.
Le CPT dans son ensemble produira toujours des scandales et des soupçons de corruption, car bien trop de charrues ont été mises avant les bœufs. Le peuple haïtien n’a pas été convié à cette table de négociations. Le danger sonne aux portes de la démocratie haïtienne. Seule une vraie solution haïtienne avec de vrais Gardiens de la Nation, des HOMMES ET DES FEMMES D’ETAT, permettra de sortir de cette crise qui a été formatée pour le chaos et l’effondrement du pays.
La Rédaction