Port-au-Prince, 16 juillet 2025 – Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a officiellement renoncé à la tournée internationale qui visait à promouvoir l’avant-projet de Constitution auprès de la diaspora haïtienne. Cette mission devait être conduite par Frinel Joseph dans plusieurs pays d’Amérique latine et du Nord. Dans son communiqué du 16 juillet, le CPT reconnaît désormais la portée des critiques et l’opacité du processus, une première depuis le lancement controversé de l’avant-projet.
Initialement prévue au Mexique, au Brésil, au Chili, en Argentine et aux États-Unis, la tournée devait permettre à une délégation haïtienne de présenter à la diaspora les fondements d’un nouveau texte constitutionnel. Cependant, face aux dénonciations de la société civile, de la presse indépendante et d’organisations comme le RNDDH, le Conseil a décidé de stopper les préparatifs.
« Le CPT reconnaît les critiques liées tant au contenu qu’au processus d’élaboration de l’avant-projet de Constitution », peut-on lire dans le communiqué publié ce 16 juillet.
Au-delà des critiques sur le fond, le financement de la tournée soulève de sérieuses interrogations. Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) révèle qu’une enveloppe de 182 millions de gourdes aurait été dégagée pour des activités de propagande autour de la Constitution, répartie entre deux l’AMNH et l’Association des Médias Indépendants (AMI).
Plus préoccupant encore, ces fonds proviendraient du Basket Fund, un mécanisme de coopération internationale destiné à soutenir des réformes institutionnelles et électorales.
Le RNDDH pointe également la présence inexpliquée d’un représentant de la compagnie Alternative Insurance Company (AIC) dans la délégation initialement prévue pour le voyage. La pertinence de ce profil dans une mission institutionnelle liée à une réforme constitutionnelle soulève de nombreuses questions.
La délégation devait compter 20 personnes (11 hommes et 9 femmes). Or, une liste partielle de 16 noms a circulé dans les médias, suscitant de vives critiques. Seul Enex Jean-Charles, membre du comité de pilotage de la réforme constitutionnelle, y figure. Aucun autre représentant directement impliqué dans la conception du texte n’apparaît dans cette liste, alimentant les soupçons d’un voyage davantage symbolique que substantiel.
En réaction, le CPT affirme vouloir désormais favoriser des consultations virtuelles avec la diaspora haïtienne, via les outils numériques et les services consulaires, afin de maintenir un dialogue « permanent et constructif ».
« Nous mettrons à profit les outils numériques, ainsi que les services de nos représentations diplomatiques et consulaires », a indiqué le CPT.
Le décret référendaire tout comme l’avant-projet de la constitution sont deux dossiers controversés actuellement par la société civile, les secteurs professionnels organisés et les partis politiques.
La rédaction

