Un consortium de médias européens — Follow the Money, La Lettre, Le Soir et Knack — a révélé l’existence d’un réseau de corruption impliquant des contrats d’armement gérés par l’Agence de soutien et d’acquisition de l’OTAN (NATO Support and Procurement Agency, NSPA), basée au Luxembourg. L’affaire, coordonnée par Eurojust, a conduit à des perquisitions dans six pays européens, dont la Belgique, l’Espagne, l’Italie et la Suisse.
Selon l’agence de presse Associated Press (AP), l’enquête porte sur des soupçons de pots-de-vin et de fraude dans l’attribution de contrats d’équipements militaires, notamment pour des munitions et des drones. L’AP précise que plusieurs anciens et actuels employés de la NSPA sont visés pour « irrégularités dans l’attribution de contrats à des entrepreneurs de défense ».
La justice belge a été la première à ouvrir une enquête, sollicitant l’appui d’Eurojust pour coordonner les investigations transnationales. Des opérations ont ainsi été menées en mai 2025 dans plusieurs pays européens.
D’après Follow the Money, des fonctionnaires de la NSPA auraient transmis des informations confidentielles à des entreprises de défense en échange de commissions occultes.
Les enquêteurs soupçonnent également la création de sociétés de conseil fictives destinées à dissimuler le versement de ces fonds. Le montant des pots-de-vin pourrait atteindre « plusieurs millions d’euros », selon les premières estimations.
Le quotidien économique Financial Times confirme que l’OTAN coopère pleinement avec les autorités. Dans une déclaration transmise à la presse, un porte-parole de l’Alliance atlantique a indiqué que « l’Agence de soutien et d’acquisition prend très au sérieux ces allégations et apporte toute l’assistance nécessaire aux autorités nationales compétentes ».
Cependant, Follow the Money et ses partenaires soulignent que certaines procédures judiciaires auraient été abandonnées aux États-Unis, soulevant des questions sur de possibles interférences politiques.
Cette affaire intervient dans un contexte de forte augmentation des dépenses militaires des États membres de l’OTAN, notamment dans le cadre du soutien à l’Ukraine. La transparence dans la gestion des contrats d’armement est donc devenue un enjeu majeur pour l’Alliance.
« Les sommes en jeu et la dimension transnationale de cette affaire montrent l’importance d’un contrôle plus rigoureux sur les processus d’achat au sein de l’OTAN », analyse un expert cité par Follow the Money.
Les enquêtes se poursuivent sous la coordination d’Eurojust, alors que de nouvelles perquisitions pourraient avoir lieu dans les prochaines semaines.
La rédaction

