RALLIEMENT A LA PRISE DE POSITION PUBLIQUE DU 13 SEPTEMBRE 2024
AUTOUR D’UNE EVENTUELLE CONFERENCE NATIONALE
Déjà deux ans depuis que j’avais déposé ma plume, doutant de l’efficacité de l’engagement intellectuel à contribuer valablement à l’action citoyenne qui me tient à cœur, malgré ma foi que tout patriote se doit de mener, selon ses capacités, cette lutte interminable pour un changement réel en Haiti. Et voilà que des citoyens à part entière, bien connus pour leur engagement civique, sont venus me secouer de ma torpeur par leur courageuse prise de position publique autour de l’éventuelle conférence nationale programmée par les responsables de l’actuelle transition.
Ils ont fustigé l’indifférence des uns et des autres qui, par leur silence, enferment dans l’ignorance et le désespoir ceux qui n’attendent plus que l’aube du réveil national éclaire finalement notre pays et ceux qui devraient pouvoir compter sur l’engagement solidaire de tous les patriotes mais surtout sur l’éclairage des citoyens les plus avisés afin de débroussailler le chemin, à travers la longue nuit cauchemardesque de nos tourments. N’ont-ils pas raison ? Combien m’en voudrais-je d’être du nombre de ces derniers !
Une fois de plus, je veux bien élever la voix pour renforcer les vibrations de leur appel, afin que par la force de tous nos cris nous puissions faire éclater les pierres épaisses des murs virtuels que le serpent dominateur ne cesse de rouler autour de nous, par des avancements stériles qui nous emprisonnent et dont, impitoyablement, les spirales resserrent sur Haiti l’étau du dictat qui l’a condamnée à la déchéance, sans rédemption possible pour l’exploit de l’indépendance.
En vue de combler le déficit d’attention et d’analyses relevé après la publication du Décret du 17 juillet dernier, intitulé « Décret portant création, organisation et fonctionnement de la Conférence nationale », les signataires de cette prise de position publique ont signalé la nature risquée de l’initiative envisagée si elle devait se dérouler telle que prévue, ainsi que les sérieuses préoccupations qu’engendrent ses propositions. Parallèlement, en citoyens engagés et proactifs, tout en arguant leurs critiques bien fondées, ils ont avancé quelques judicieuses recommandations.
Cette prise de position vient à bout portant, « avant la lettre », c’est dire qu’il est encore temps pour s’organiser et mieux faire, tant cela se pourrait avec un peu de bonne foi. Elle précise :
• Ce qu’une conférence nationale ne devrait pas être, une formalité sans impact réel, schématisée dans la proposition gouvernementale ;
• Ce qu’une VERITABLE Conférence nationale devrait être, représentative et efficace, selon les leçons tirées de notre histoire tant passée que moderne ;
• Ce qui manque à l’approche gouvernementale, l’esprit d’ouverture, incompatible à celui du vase clos dans lequel les dirigeants se sont circonscrits ;
• Ce que les composantes de la société haïtienne devraient rechercher, la synergie, malgré leurs divergences;
• Ce qu’il faudrait vraiment entreprendre, un accord politique sans exclusive, en vue d’arriver à une Conférence Nationale Souveraine.
Somme toute, retenons quelques citations de cette patriotique prise de position publique.
Il est impératif d’entreprendre ce qui suit :
• Accorder une attention sérieuses et une évaluation rigoureuse au décret qui envisage l’organisation d’une Conférence nationale.
• Eviter l’erreur fatale que les dirigeants du gouvernement de transition agissent en vase clos.
• Allier au simple savoir-faire technique, une dimension morale et stratégique.
• Comprendre l’action prévue par la création du comité de pilotage mis en place, eu regard à la feuille de route du gouvernement.
• Analyser le projet de révision constitutionnelle qui accompagne cette démarche politique.
• Débuter par un dialogue national ouvert, honnête et inclusif (avant de ne songer à organiser une conférence nationale).
En effet, loin de s’opposer à l’idée d’une Conférence nationale, ils soutiennent « qu’un projet d’une telle envergure, nécessite impérativement l’adhésion et l’engagement des principaux acteurs de la société, y compris les partis politiques et les groupes de la société civile ».
Me. Camille Leblanc et ses co-auteurs ont dû résolument puiser, chacun dans son écritoire, pour collaborer à la production claire et intelligente d’une position témoignant d’un si grand esprit d’ouverture, aussi savamment exprimée. Bien de concitoyens leur en seront reconnaissants.
Difficile, demeure-t-il, de pouvoir l’analyser en quelques mots. Il faudra y revenir encore et encore afin d’en mieux décortiquer les éléments, saisir les appréhensions, assimiler la portée, afin d’en évaluer les conséquences et mieux convenir des actions à mener pour, sinon mener la barque à bon port, tout au moins rectifier le cap et éviter sa dérive.
Le 18 septembre 2024.
Chantal V. Céant
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