Alors qu’Haïti s’enfonce dans une crise sécuritaire et économique sans précédent, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) semble déterminé à maintenir l’organisation du Carnaval. Une décision que l’Association des Industries d’Haïti (ADIH) juge non seulement inopportune, mais aussi irresponsable. Dans une correspondance du 12 février 2025 adressée à Leslie Voltaire, l’ADIH ne mâche pas ses mots : le moment n’est pas aux festivités, mais à l’action pour sortir le pays du chaos.
Un Carnaval au goût amer
L’organisation patronale ne remet pas en cause l’importance du Carnaval dans la culture haïtienne, mais elle pointe du doigt une incohérence criante : comment justifier une telle dépense alors que la population vit dans l’angoisse quotidienne et que l’État peine à assurer ne serait-ce que les services de base ?
L’ADIH appelle ainsi le CPT et le Premier ministre à reconsidérer le budget alloué au Carnaval et à le rediriger vers des actions prioritaires telles que :
• Le renforcement des forces de sécurité (PNH et FADH) pour lutter contre les gangs ;
• Une aide aux victimes de la violence et un soutien aux familles des policiers tués ;
• L’organisation du retour des déplacés vers leurs quartiers d’origine ;
• Toute autre initiative visant la stabilité et le bien-être de la population.
Le CPT et ses priorités discutables
Cette prise de position publique de l’ADIH traduit aussi une défiance croissante vis-à-vis d’un CPT dont les décisions paraissent de plus en plus déconnectées des réalités du pays. Ce courrier sonne comme un rappel à l’ordre : le secteur privé, quoique représenté par Laurent Saint- Cyr au CPT, qui subit de plein fouet la crise, attend des mesures concrètes et urgentes, pas des distractions coûteuses.
Derrière cette critique sur le Carnaval, on perçoit aussi un désaveu plus large des choix du CPT et du gouvernement, notamment après les déclarations de Leslie Voltaire sur les sanctions. Faut-il y voir une réponse indirecte aux récentes positions du CPT sur la gestion de la crise et des relations internationales ?
Les jours à venir diront si cette mise en garde sera entendue. La balle est désormais dans le camp du CPT et du Premier ministre. Auront-ils le courage de revoir leurs priorités, ou persisteront-ils dans l’organisation du carnaval ?