Au cours du troisième trimestre 2024, l’activité économique a évolué dans un environnement caractérisé par une reprise lente au niveau international. Les goulots d’étranglement, ralentissant la tendance à la désinflation observée depuis le trimestre antérieur, ont porté les principales banques centrales à être moins enclines au desserrement rapide des conditions financières.
Au niveau national, après une contre-performance de 4 % sur la période allant d’octobre 2023 à mars 2024, une relative reprise de l’activité économique a été observée au cours du troisième trimestre 2024, à la suite de l’atténuation des effets des chocs liés à l’environnement sécuritaire délétère et la rareté des produits pétroliers à la pompe. En effet, l’apaisement modéré du climat socio-politique a permis un assouplissement partiel des restrictions sur la circulation des personnes et des biens, entraînant ainsi une augmentation des activités commerciales.
L’inflation au cours du trimestre sous revue s’est caractérisée par une tendance à la hausse en glissement annuel, alors que sur une base mensuelle, un ralentissement du rythme de progression des prix a été constaté. Après 26,7 % en mars 2024, la variation annuelle de l’IPC s’est établie à 28,9 % en juin 2024. Par contre, la réduction des effets perturbateurs des troubles socio-politiques observés au trimestre précédent, joint à l’évolution contenue du taux de change, entre autres, a conduit à une décélération de l’inflation en rythme mensuel, laquelle est passée de 4,7 % à la fin du trimestre antérieur à 1 % en juin 2024.
RÉSULTATS ET INDICATEURS DE PERFORMANCE DU SECTEUR BANCAIRE
Les données disponibles au 30 juin 2024 indiquent une évolution mitigée des principaux indicateurs de performance du système bancaire. Le produit net bancaire (PNB) généré par le système a reculé de 2,7 % pour s’établir à 8,6 milliards de gourdes, dans un environnement macroéconomique empreint d’incertitudes. Cette contre-performance s’explique par une contraction de ces composantes : « Autres revenus » (-52,9 %) et « Gains sur change » (-1,4 %). Plombé par une hausse de 1,5 % des dépenses d’exploitation (6,4 milliards de gourdes), le bénéfice net bancaire s’est chiffré à plus d’un milliard de gourdes, accusant une variation négative de 31,6 % sur une base trimestrielle.
Ainsi, il est ressorti une détérioration de la rentabilité bancaire au regard des ratios clés du système. En effet, au 30 juin 2024, le rendement de l’actif (ROA) s’est établi à 0,64 % contre 0,94 % au trimestre antérieur. Parallèlement, le rendement de l’avoir des actionnaires (ROE) a atteint 7,68 % après 11,13 % un trimestre auparavant.
Au cours du troisième trimestre, l’actif du secteur a fléchi de 0,4 % par rapport au trimestre précédent pour s’établir à 645,47 milliards de gourdes. Ce repli découle de la contraction simultanée des « Autres liquidités » (-18,1 %), de celle de l’encours des « bons du Trésor » (-9,9 %), des « Encaisses » (-6,3 %) et des « Avoirs à l’étranger » (-5,6 %), alors que l’encours des « bons BRH » a crû de 141,4 %. Néanmoins, le niveau d’intermédiation bancaire, mesuré par le ratio « prêts bruts sur dépôts totaux », s’est légèrement replié, passant à 24,4 % contre 25,6 % au 31 mars 2024.
S’agissant de la structure financière du système, l’analyse des données du troisième trimestre 2023-2024 fait ressortir une évolution contrastée des principaux ratios. En effet, le ratio « Avoirs des actionnaires en pourcentage de l’actif » est passé de 8,45 % à 8,16 %, tandis que le ratio « dépôts en pourcentage de l’actif » s’est inscrit à 81,67 % contre 80,73 % le trimestre passé.
De même, les effets favorables des mesures de soutien mises en place par la BRH, notamment les moratoires successifs octroyés sur les prêts, se sont reflétés au niveau de la qualité de l’actif du système, en témoigne le recul de 79 points de base, à 12,02 % au 30 juin 2024 du coefficient d’arrérage mesuré par le ratio « Prêts improductifs bruts en pourcentage des prêts bruts ».
Par ailleurs, une meilleure couverture des banques face aux risques de défaut de paiement des débiteurs du système a été constatée, le coefficient « Provisions pour créances douteuses en pourcentage des prêts bruts » se portant à 66,05 % au 30 juin 2024 contre 59,50 % au 31 mars 2024.
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Source BRH