Depuis le 1er juillet 2025, le Premier ministre jamaïcain, Dr. Andrew Holness, assure la présidence tournante de la CARICOM. Cette prise de fonction coïncide avec une nouvelle phase de discussions critiques entre les Éminentes Personnalités de l’organisation régionale et les acteurs haïtiens engagés dans la transition politique.
Alors que le leadership de la CARICOM change de main, les personnalités éminentes de l’organisation poursuivent leur médiation avec les parties prenantes haïtiennes. Ces dernières ont dressé un constat d’échec de la gouvernance transitoire. Toutefois, elles réclament un délai relativement court pour aboutir à un consensus entre les signataires et les non-signataires de l’accord du 3 avril 2024, en vue d’une sortie de crise fonctionnelle.
Au cœur des échanges : la question électorale. Les émissaires de la CARICOM ont demandé s’il était envisageable d’organiser des élections générales et un référendum d’ici la fin de l’année 2025. Une réponse globalement négative a dominé les discussions.
Concernant l’Accord du 21 décembre 2022, représenté au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) par le Dr Gérald Gilles, ses représentants ont été formels : la tenue d’élections d’ici décembre 2025 est irréaliste dans les conditions actuelles. Par ailleurs, ils ont réaffirmé leur opposition à toute inclusion des gangs armés dans le processus de dialogue politique.
Réagissant aux menaces formulées récemment par le groupe « Viv Ansanm », Marjorie Michel a interpellé l’ensemble des acteurs, appelant à la solidarité, à la responsabilité et à la sincérité. Ted Saint Dic, membre du Bureau de Suivi de l’Accord de Montana (BSA), a rappelé la nécessité de dépasser les antagonismes pour trouver une solution sincère et durable à la crise. Il a également insisté sur l’urgence d’une alternative crédible à l’échec de la gouvernance actuelle.
À noter que l’Accord de Montana, actuellement représenté à la présidence du CPT par Fritz Alphonse Jean, soutient que les Haïtiens doivent rapidement s’entendre sur une nouvelle feuille de route politique. Dans cette logique, Pascal Adrien propose un délai maximal de deux semaines pour que les parties prenantes parviennent à une entente sur un échéancier clair.
Avec la CARICOM, sous la présidence d’Andrew Holness, la Jamaïque renforce son engagement dans la stabilisation régionale, notamment par sa participation à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti avec un contingent de 23 soldats.
Rappelons que le 11 mars 2024, la CARICOM, soutenue par plusieurs pays dits « amis d’Haïti », avait facilité la création de cette structure atypique qu’est le CPT. Une architecture institutionnelle qui, dès son lancement, suscitait de vives réserves.
Dès juillet 2024, Me Camille Leblanc tirait déjà la sonnette d’alarme après quatre mois de fonctionnement du CPT :
« Si beaucoup de gens étaient sceptiques quant à la formule du Conseil Présidentiel de Transition, nous avions pourtant espéré un sursaut citoyen pour redresser la barque. Hélas ! Force est de constater que les calculs mesquins, partisans ont vite pris le dessus, laissant la population seule face à la catastrophe imminente qui plane comme un aigle désespéré.
L’heure est grave et la solution urgente car le pays ne peut plus attendre. Messieurs, vous serez tenus pour responsables de tous les torts qui seront causés au peuple. »
Des propos prémonitoires, à l’heure où le bilan du CPT est de plus en plus critiqué tant sur le plan interne qu’international.
En parallèle, le Bureau de Suivi de l’Accord de Montana a vivement dénoncé une résolution adoptée par l’Organisation des États américains (OEA) le 27 juin 2025. Selon le BSA, cette décision, appuyée par le CPT, vise à placer officiellement Haïti sous tutelle internationale, en confiant à l’OEA la mission de pilotage d’un plan d’action global à soumettre sous 45 jours.
« C’est à visage découvert, sans détour, qu’elles ont confié à l’OEA la mission d’officialiser la mise sous tutelle de la République d’Haïti », a dénoncé le BSA, pointant directement la responsabilité des États-Unis dans cette manœuvre, qualifiée d’ingérence sacrilège.
Pour les signataires du Montana, cette résolution réactive les souvenirs douloureux du plan de 2010, qu’ils accusent d’avoir renversé la volonté populaire et précipité l’effondrement institutionnel du pays.
La rédaction
