Insertion demandée
En ces heures si sombres, douloureuses et confuses de notre histoire contemporaine, je ressens à la fois de la fierté et une tristesse immense.
Fierté, d’entendre des dirigeants africains tels qu’Ibrahim Traoré, digne héritier de son cousin Dessalines ou de son frère Thomas Sankara, de la patrie des Hommes intègres, et d’autres dirigeants africains, exprimer leur solidarité à l’égard d’Haïti. En effet, ce morceau d’Afrique émergé en Amérique, témoin vivant de la grandeur et de la résistance du génie noir universel, a tant inspiré les peuples qui luttaient et qui luttent encore pour leur autodétermination.
Les paroles de ces dirigeants-frères, notamment celles d’Ibra, résonnent en chaque patriote haïtien comme un rappel fraternel d’un peuple fier, jadis porteur d’espérance pour tous les opprimés de la terre.
Néanmoins, à cette fierté se mêle une profonde tristesse due au comportement d’un ensemble de dirigeants, pour la plupart indignes des sacrifices de nos ancêtres.
Ils sont sans courage ni vision, voire incapables de porter le flambeau d’un héritage ancestral riche dans ses dimensions culturelle, cultuelle, spirituelle, identitaire et matérielle.
Et quelle désolation de voir une élite intellectuelle amnésique de ses origines, jusqu’à prêcher le déni de nos faits historiques les plus glorieux !
Comme si renier Dessalines, Pétion, Christophe, Sanite Bélair et Catherine Flon pouvait nous ouvrir les portes du progrès.
Non, non et non !
Haïti ne renaîtra pas dans l’effacement mémoriel ou dans l’occultation, mais par la force d’un leadership haïtien authentique, qu’il soit individuel ou collectif.
Ceci doit être forgé dans la conscience nationale et nourri par l’esprit des ancêtres. Ce leadership doit être sans complaintes ni lamentations. Il se doit d’être animé d’une vision claire, d’un discours ferme et d’une volonté inébranlable de tracer la voie du redressement.
Le salut de la nation ne viendra ni d’ailleurs ni d’autrui.
Il surgira d’ici, de notre propre sol, de la dignité retrouvée de notre peuple, lorsque des femmes et des hommes, plongés dans la sève de notre identité, décideront de transformer la douleur en sursaut et le désespoir en renaissance.
Je pleure nos morts sans secours, je pleure les innocentes victimes de Mélissa à travers le pays, mais je suis indigné, révolté même, devant l’insouciance de nos dirigeants et d’un soi-disant président qui a choisi de fuir les lourdes responsabilités du moment pour se rendre au Qatar afin de meubler davantage sa croisade.
Anathème à tous ceux qui jouent avec l’avenir de notre pays !
Walsonn SANON

