Une nouvelle flambée de violence entre gangs qui a débuté en février a incité la Communauté des Caraïbes (CARICOM) à faciliter un accord entre les parties prenantes haïtiennes sur une transition politique visant à stabiliser la situation sécuritaire du pays et à rétablir la gouvernance démocratique. L’accord a établi un Conseil présidentiel de transition (CPT), qui a été officiellement installé en avril. Il est composé de sept membres votants représentant les partis politiques et le secteur privé, ainsi que de deux observateurs sans droit de vote issus de la société civile et de la communauté religieuse.
Le CPT a été chargé de choisir un nouveau premier ministre par intérim, d’établir un conseil électoral provisoire et un conseil de sécurité nationale, et de collaborer avec la communauté internationale pour accélérer le déploiement de la mission du MSS. Selon un accord politique signé par les membres du TPC, la période de transition culminera avec la tenue d’élections présidentielles d’ici février 2026.
Le CPT a fait quelques progrès vers l’atteinte de ces objectifs, notamment en nommant l‘ancien fonctionnaire de l’ONU Garry Conille au poste de premier ministre par intérim, en sélectionnant un cabinet de transition et en recevant les premiers contingents du MSS du Kenya en juin et juillet.
D’autres aspects du travail du CPT sont toutefois au point mort, comme la formation d’un conseil électoral provisoire, qui aurait été retardée en raison de désaccords internes entre les secteurs de la société civile qui devraient siéger à cet organe.
De plus, le CPT lui-même a fait l’objet d’une controverse, car trois de ses membres votants ont été impliqués dans un scandale de corruption très médiatisé qui a compliqué son travail et remis en question sa légitimité perçue.
Pendant ce temps, la situation sécuritaire et humanitaire en Haïti reste désastreuse.
Selon les chiffres trimestriels les plus récents du BINUH, la mission a enregistré 1 379 victimes de meurtres et de blessés liés à des gangs entre le 1er avril et le 30 juin. Cela représente une baisse de 45 % par rapport au pic enregistré au cours du trimestre précédent, bien qu’il reste un chiffre élevé par rapport aux normes historiques.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a constaté que le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays a augmenté de 22 %, passant de 578 000 à plus de 700 000 entre juin et septembre (après une augmentation de près de 60 % entre mars et juin), tandis que le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont désigné le pays comme un « point chaud de famine » dans leur dernier rapport sur les perspectives couvrant la période de juin à octobre. Lors d’une conférence de presse le 18 septembre, le Secrétaire général António Guterres a décrit Haïti comme « l’une des situations humanitaires les plus désastreuses au monde ».
Le 30 septembre, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité la résolution 2751, renouvelant pour un an l’autorisation de la mission MSS sous la direction du Kenya. La mission a pour mandat de fournir un appui opérationnel à la Police nationale d’Haïti (PNH) pour lutter contre les gangs, dans le but de créer des conditions de sécurité propices à la tenue d’élections libres et équitables.
Depuis que le Kenya a déployé ses deux premiers contingents de police en juin et juillet, la mission a aidé la PNH à reprendre avec succès des infrastructures essentielles à Port-au-Prince, qui étaient auparavant sous le contrôle des gangs, mais elle reste sous-financée, confrontée à des pénuries de financement et d’équipement qui limitent sa capacité à renforcer sa présence physique et à prendre et conserver du territoire supplémentaire.
Source ONU