Port-au-Prince, 12 juillet 2025 – « L’insécurité sera totalement résolue d’ici la fin du mois d’août. » Tels sont les propos tenus par le conseiller présidentiel Louis Gérald Gilles, ce vendredi 11 juillet, lors d’une intervention en marge de la Journée mondiale de la population à l’hôtel Montana. Interviewé par Radio Galaxie, le conseiller a évoqué une « amélioration significative » de la situation sécuritaire en Haïti, affirmant que le pays était « plus proche d’une solution qu’il y a 4 ou 5 ans ».
À l’en croire, la réduction des cas de kidnapping serait une preuve que « la bataille est en cours ». Mais les faits sur le terrain racontent une tout autre histoire : une guerre de territoire menée par des gangs de plus en plus puissants, des zones entières hors du contrôle de l’État, et un peuple abandonné à la loi des armes.
Il est vrai que les rapports d’enlèvements ont connu une baisse relative durant certaines périodes, notamment entre mars et mai 2025. Mais cette accalmie apparente ne reflète en rien une victoire sécuritaire. Le kidnapping a repris ces dernières semaines dans la capitale, notamment à Delmas, Martissant et Tabarre, selon plusieurs signalements d’organisations de défense des droits humains.
Plutôt qu’une amélioration, c’est une réorganisation de la violence à laquelle on assiste. Les gangs ont consolidé leur emprise sur plusieurs territoires, réduisant ainsi leur besoin de recourir aux enlèvements pour financer leurs activités. En clair, ils n’ont plus besoin de kidnapper : ils taxent, contrôlent, menacent directement les populations sous leur joug.
Les données du dernier rapport conjoint du BINUH et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, publié en juillet 2025, dressent un tableau dramatique :
- 4 864 personnes assassinées entre octobre 2024 et juin 2025 à travers le pays ;
- 1 018 morts, 213 blessés et 620 enlevés dans les seules zones du Bas Artibonite, du Centre, Ganthier et Fonds Parisien ;
- Des massacres de masse, comme celui de Pont Sondé en octobre 2024, ayant fait plus de 100 morts ;
- Des déplacements massifs, notamment à Mirebalais, où 100 000 personnes ont fui en début d’année.
Face à ces chiffres, les propos rassurants de Louis Gérald Gilles apparaissent non seulement déconnectés, mais dangereux. Le CP Gérald Gilles minimise-t-il les chiffres ?
La population haïtienne mérite mieux qu’un mirage.



