À tous les pères, présents, absents, rêvés…
Il y a des pères qui construisent des maisons de leurs mains,
et d’autres qui construisent des silences dans le cœur de leurs enfants.
Il y a des pères qui parlent peu, mais dont les gestes hurlent amour.
Il y a des pères qui s’effacent, et d’autres qui deviennent des piliers, même tremblants.
En Haïti, être père, c’est souvent être roc dans la tempête,
marcher longtemps pour un gallon d’eau,
inventer des lendemains quand il n’y a pas de pain.
C’est sourire sans salaire,
c’est tenir bon même quand l’espoir vacille.
C’est dire « pitit mwen mwen pap janm lage w », même quand tout vous lâche.
Mais être père, c’est aussi la joie.
C’est voir un enfant courir vers vous, bras ouverts,
et sentir que le monde entier tient dans cette étreinte.
C’est apprendre à aimer plus fort que ses blessures,
c’est apprendre à grandir avec ses enfants.
Et puis il y a l’enfant…
Celui qui cherche un visage dans les rêves,
qui grandit avec une chaise vide aux fêtes,
qui apprend le mot « papa » en regardant les autres.
Un enfant qui écrit son avenir avec une main de moins,
mais qui apprend à se tenir droit, malgré l’absence.
À vous, pères d’ici et d’ailleurs,
qui luttez, qui aimez, qui doutez,
qui tombez parfois, mais vous relevez.
À vous qui êtes partis trop tôt,
à vous qu’on attend encore dans le silence des souvenirs.
Aujourd’hui, on vous célèbre,
non pas pour être parfaits,
mais pour avoir essayé,
pour aimer à votre manière,
pour avoir laissé, quelque part,
un geste, un regard, une empreinte.
Bonne fête à tous les pères,
à ceux qu’on embrasse, à ceux qu’on pleure,
à ceux qu’on espère.
Keysha Kersell