À l’approche de la fin de l’année, les vœux s’échangent, les formules se répètent, les promesses se renouvellent. Mais formuler des VOEUX a-t-il encore un sens lorsque l’incertitude demeure entière et que les perspectives restent floues ? Peut-on souhaiter sans interroger, espérer sans clarifier, conclure une année sans se demander où l’on va et où on sera réellement à la fin de l’année prochaine ?
Ces questions ne visent pas à refuser le rituel des vœux, mais à leur redonner toute leur portée. Car souhaiter n’est pas dissimuler les difficultés, ni masquer l’inquiétude avec des mots rassurants. Souhaiter, c’est aussi accepter de regarder l’année écoulée en face et d’en tirer les enseignements nécessaires.
C’est dans cet esprit que s’est déployée la démarche des tribunes citoyennes en 2025. Elles n’ont jamais prétendu dresser des bilans définitifs ni clore des débats. Leur ambition a été autre : interroger, semaine après semaine, le sens de l’action publique, la place du citoyen, le rapport au pouvoir et à l’État, dans un contexte marqué par l’incertitude et l’érosion des repères collectifs.
À force de poser ces interrogations, une question s’est imposée, simple et redoutable à la fois : où va le pays ?
Il ne s’agit pas seulement de savoir qui gouverne, ni même comment l’on gouverne, mais dans quel sens. Car un pays peut continuer d’avancer tout en se perdant, lorsque la direction n’est plus guidée par une finalité partagée.
C’est ici que le détour constitutionnel devient nécessaire. Trop souvent, le débat public s’enferme dans les mécanismes, les articles, les échéances, en oubliant la promesse fondatrice inscrite dès le Préambule de la Constitution. Notre Charte n’est pas seulement un cadre institutionnel, elle est aussi une boussole, un projet.
Dans cette boussole, une idée mérite d’être revisitée avec sérieux et sobriété : la poursuite du bonheur. Non pas comme un slogan creux, ni comme une promesse de confort, mais comme la possibilité, pour chaque citoyenne et chaque citoyen, de vivre sans peur, avec dignité, et avec la capacité de se projeter dans l’avenir.
Un État qui ne garantit ni la sécurité, ni la dignité, ni un minimum de stabilité ne permet pas la poursuite du bonheur. Il trahit alors, silencieusement, sa raison d’être. Interroger cette notion aujourd’hui, ce n’est pas philosopher inutilement ; c’est remettre le sens au cœur du pacte constitutionnel.
Ces réflexions prennent une résonance particulière à l’approche du 7 février 2026, date annoncée pour la fin du Conseil présidentiel de transition. Cette échéance est connue, mais la perspective demeure floue. Le temps avance, la date approche, et le pays reste suspendu, sans vision lisible, sans cap partagé. Gouverner par les dates, sans dire où elles mènent, ne peut constituer un projet politique.
Dans ce contexte, formuler des vœux de fin d’année ne peut relever ni de l’optimisme de façade ni de la résignation silencieuse. Les vœux les plus responsables sont ceux qui refusent l’illusion et exigent la clarté : clarté sur la direction à prendre, clarté sur les responsabilités à assumer, clarté sur ce que signifie réellement conduire une transition lorsque l’échéance est connue, mais que le chemin ne l’est pas.
En cette dernière parution de l’année, il importe aussi de reconnaître celles et ceux qui, par leur lecture attentive, leurs réactions et leur fidélité, ont accompagné cette parole citoyenne tout au long de 2025. Ce soutien discret mais constant rappelle que l’exercice de vigilance démocratique n’est jamais solitaire. Il se construit dans l’échange, dans la confiance et dans la conviction partagée que questionner le pouvoir demeure une responsabilité citoyenne essentielle.
À l’aube de la nouvelle année, le vœu essentiel n’est donc pas celui d’une stabilité proclamée, mais celui d’une boussole retrouvée. Une boussole qui replace la finalité de l’action publique au cœur du pacte constitutionnel et rappelle que la poursuite du bonheur n’est ni un luxe ni une abstraction, mais une exigence minimale : vivre sans peur, dans la dignité, avec la possibilité de se projeter.
Formuler des vœux aujourd’hui, c’est souhaiter que le pays cesse d’être gouverné par des dates sans perspectives, et que l’échéance du 7 février 2026 devienne autre chose que des points de suspension dans la vie nationale. C’est appeler à une responsabilité collective qui ne se contente plus d’attendre, mais qui interroge le sens, exige la clarté et refuse l’accommodation à l’anormal.
Car avant de demander où nous voulons aller, encore faut-il accepter de se demander pourquoi — et pour qui — nous voulons avancer.
Chantal Volcy Céant
29 décembre 2025
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