Boston – Les autorités fédérales américaines ont annoncé le 17 décembre l’arrestation de deux citoyens américains, issus de la communauté haïtienne de Boston, accusés d’avoir détourné près de 7 millions de dollars de bons alimentaires du programme fédéral SNAP (Supplemental Nutrition Assistance Program), tout en revendant illégalement des denrées humanitaires destinées à des enfants en situation d’insécurité alimentaire à l’étranger.
Les prévenus, Antonio Bonheur (74 ans), résident de Mattapan, et Saul Alisme (21 ans), habitant de Hyde Park, ont été interpellés et inculpés chacun pour fraude aux coupons alimentaires. Tous deux sont poursuivis devant une juridiction fédérale, ce qui implique qu’ils sont ressortissants américains ou résidents permanents soumis au droit fédéral.
Des volumes suspects pour de simples boutiques de quartier
Antonio Bonheur est propriétaire du Jesula Variety Store, un commerce d’environ 150 pieds carrés, tandis que Saul Alisme exploitait le Saul Mache Mixe Store, d’environ 500 pieds carrés, tous deux situés dans le quartier de Mattapan, connu pour abriter une importante communauté haïtienne.
Malgré leur taille réduite et un inventaire limité, ces commerces affichaient des volumes de remboursements SNAP anormalement élevés, allant de 100 000 à 500 000 dollars par mois, dépassant largement ceux de supermarchés de grande surface de la même zone, lesquels traitent en moyenne 82 000 dollars mensuels en transactions SNAP.
Les données analysées par les enquêteurs montrent que plus de 70 % des transactions dépassaient 95 dollars, un profil typique de grandes surfaces, mais incompatible avec des épiceries de quartier à faible capacité.
Échanges illégaux contre de l’argent liquide
Des opérations sous couverture ont permis de documenter plusieurs échanges illégaux de bons SNAP contre de l’argent comptant :
- quatre transactions frauduleuses à Jesula Variety Store,
- deux à Saul Mache Mixe Store.
Selon les autorités, les propriétaires eux-mêmes effectuaient ces transactions, échangeant directement des aides alimentaires contre du cash et acceptant également des bons SNAP pour l’achat d’alcool, en violation flagrante de la loi fédérale.
Détournement de nourriture humanitaire
L’enquête révèle également que les deux commerces vendaient des repas MannaPack, produits par l’ONG américaine Feed My Starving Children. Ces repas, financés exclusivement par des dons caritatifs, sont destinés à être distribués gratuitement à des enfants en situation de faim chronique à l’étranger et ne sont en aucun cas autorisés à la vente.
Les prévenus auraient écoulé ces produits humanitaires pour environ 8 dollars le paquet, tirant profit de denrées destinées à l’aide internationale.
Blanchiment et dissimulation des fonds
Faute de ventes alimentaires légitimes suffisantes, les autorités estiment que les deux hommes dépendaient presque exclusivement des fonds SNAP pour leurs revenus. Afin d’en masquer l’origine, ils auraient utilisé plusieurs comptes bancaires secondaires, multipliant retraits et redépôts afin de simuler une activité commerciale légale.
Peines encourues
La fraude aux bons alimentaires pour des montants supérieurs à 100 dollars est passible de :
- jusqu’à cinq ans de prison,
- trois ans de liberté surveillée,
- une amende pouvant atteindre 250 000 dollars.
Les autorités rappellent toutefois que ces faits demeurent des allégations, et que les accusés sont présumés innocents jusqu’à ce qu’un tribunal les reconnaisse coupables au-delà de tout doute raisonnable.
La rédaction
📲 Rejoignez Le Quotidien 509
Recevez nos dernières nouvelles directement sur votre téléphone via notre chaîne WhatsApp officielle.
🚀 Rejoindre la chaîne WhatsApp


