Saint-Domingue, 7 juillet 2025 — À l’initiative du Conseil économique et social (CES), la République dominicaine a lancé une consultation publique nationale sur les relations avec Haïti, via la plateforme numérique OpinaRD. Ce processus participatif, ouvert à tous les citoyens et aux organisations sociales, vise à recueillir des avis et propositions autour de six axes stratégiques majeurs dans le cadre des enjeux bilatéraux.
Les thématiques soumises à consultation sont :
- Migration
- Commerce bilatéral
- Développement des communautés frontalières
- Sécurité nationale
- Relations internationales
- Affaires du travail
Les contributions peuvent être soumises jusqu’au 7 juillet 2025 à 23h59. Le CES, jugeant la participation encore insuffisante, appelle à une mobilisation accrue de la société civile.
Une plateforme pour une gouvernance participative
Le CES invite les citoyens, les associations et les acteurs économiques à s’exprimer sur des sujets clés tels que la gestion de la migration, le commerce transfrontalier ou la sécurité. L’objectif affiché est de définir une politique d’État cohérente, partagée et durable dans un contexte marqué par des tensions migratoires, économiques et sociales persistantes entre les deux pays.
Une tradition dominicaine du dialogue social
Le CES s’inscrit dans une tradition de concertation nationale initiée dans les années 1980. Deux grandes initiatives ont jeté les bases de cette culture du dialogue :
- Le Dialogue tripartite (1985–1992), sous la présidence de Joaquín Balaguer, qui a abouti à l’adoption de la Loi 16-92, instaurant un nouveau Code du travail.
- Le Dialogue national (1996–2000), impulsé par le président Leonel Fernández, qui a permis une large consultation sur les orientations politiques du pays.
Ces initiatives ont ouvert la voie à un espace institutionnalisé de concertation, renforcé par des échanges avec le Conseil économique et social d’Espagne.
En 2005, le décret présidentiel 13-05 a officiellement créé le Consejo Económico, Social e Institucional (CESI). Monseigneur Agripino Núñez Collado, figure de proue du dialogue social, a été nommé président du CESI par Leonel Fernández. Son engagement a été décisif dans l’adoption de réformes majeures comme le Code du travail, la réforme électorale, le Code fiscal et la loi 1-12 sur la Stratégie nationale de développement.
En 2014, le CES a également facilité le consensus national autour du Pacte pour la réforme de l’éducation.
Sous la présidence de Danilo Medina (2012–2020), le CES a été renforcé par la loi 142-15 (promulguée le 12 août 2015) et le décret 291-20 (juillet 2020) fixant les règles d’élection de ses membres.
Depuis 2020, le président Luis Abinader a poursuivi cette dynamique en nommant Rafael Damares Toribio Domínguez à la tête du CES (décret 393-20 du 25 août 2020). Le Conseil reste aujourd’hui un outil stratégique d’élaboration de politiques publiques, notamment en matière de relations avec Haïti.
Des critiques politiques persistantes
Malgré sa portée consultative et son ancrage institutionnel, la démarche suscite des critiques. Pelegrín Castillo, leader du parti Force Nationale Progressiste (FNP), a dénoncé une consultation qu’il juge « incohérente », estimant que les discussions sur la régularisation de la main-d’œuvre haïtienne constituent un signe de faiblesse face à ce qu’il qualifie d’« État failli ».
De son côté, le député Jesús Batista s’est opposé à toute implication de l’ONU, accusant le gouvernement dominicain de manquer de clarté sur sa politique migratoire.
La rédaction
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