Port-au-Prince, 13 juin 2025 — Les récentes images montrant Vitelhomme Innocent, chef du gang « Kraze Baryè », fuyant avec l’aide de ses hommes, relancent les interrogations sur l’efficacité réelle — et l’impartialité — des opérations de drones menées par les forces de l’ordre. Visiblement incapable de courir seul, le chef de gang a néanmoins échappé aux opérations de neutralisation, malgré sa localisation précise par les drones de surveillance.
Une situation que Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), juge anormale. Il dénonce un manque de coordination entre la Police nationale d’Haïti (PNH) et les unités du Task Force responsables du déploiement des drones kamikazes.
« Certains chefs de gangs auraient déjà dû être neutralisés ou arrêtés », affirme-t-il, mettant en doute l’intégrité des opérations.
Pierre Espérance va plus loin : il évoque la possibilité de connivences entre les opérateurs de drones et les chefs de gangs, une hypothèse grave qui, si elle s’avère fondée, remettrait en question toute la stratégie sécuritaire actuelle.
Entre le lundi 9 et le mercredi 11 juin, au moins quinze drones kamikazes ont été lancés contre des bases de gangs dans les quartiers de Gran Ravin et de Village-de-Dieu, en plein centre-ville de Port-au-Prince. Le bilan annoncé : plus d’une centaine de morts en 72 heures, et de nombreux blessés parmi les membres des groupes armés.
Depuis le début des opérations, le 1er mars dernier, près de 200 bandits auraient été tués et environ 300 blessés, selon des estimations internes.
Pourtant, aucun chef de gang de premier plan n’a été officiellement annoncé parmi les victimes. Ce décalage alimente les spéculations et alerte les défenseurs des droits humains.
La question reste entière : pourquoi les drones kamikazes, capables de frapper avec une précision redoutable, n’ont-ils jamais atteint les leaders connus des groupes criminels ? Pour Pierre Espérance, le doute s’installe : les pilotes de drones exécutent-ils toutes les missions sans interférences ? Ou certaines figures bénéficient-elles d’un traitement de faveur ?
En pleine guerre contre l’insécurité, la transparence des opérations militaires et policières devient plus que jamais un impératif. Et les accusations de connivence, même non prouvées, jettent une ombre sur l’efficacité et l’intégrité du dispositif anti-gangs.
La rédaction