La Direction Générale de la Protection Civile (DGPC) a procédé, le vendredi 30 mai, au lancement officiel de la saison cyclonique 2025, lors d’une cérémonie organisée au Centre d’Opérations d’Urgence National (COUN). L’événement, tenu autour du thème « An n pare n chak jou pi plis », a réuni plusieurs figures de l’exécutif de transition, dont le président du Conseil Présidentiel, Fritz Alphonse Jean, le ministre de l’Intérieur Paul Antoine Bien-Aimé, ainsi que des partenaires internationaux et représentants d’organisations humanitaires.
Dans un contexte de vulnérabilité accrue, le chef du Conseil Présidentiel a livré une déclaration dénonciatrice, liant les enjeux environnementaux aux crises sociales, politiques et budgétaires qui affectent le pays.
« La saison cyclonique peut être aussi meurtrière que les bandes armées terroristes », a-t-il déclaré, évoquant une menace multidimensionnelle qui dépasse le seul cadre météorologique.
Des prévisions inquiétantes et une faible exécution budgétaire
Alors que les prévisions indiquent une saison plus active que la normale dans l’Atlantique, les autorités affirment vouloir adopter une approche plus coordonnée et proactive. Le Directeur Général de la DGPC, Emmanuel Pierre, a présenté les axes d’intervention prioritaires, dont l’activation du Plan national de gestion des risques, la mise en place de centres d’hébergement provisoires, le prépositionnement de stocks humanitaires, et le renforcement des communications communautaires.
Cependant, la lenteur dans l’exécution des fonds publics suscite de vives préoccupations. Selon les chiffres avancés par le président Fritz Jean, seulement 13,7 % du budget de l’État avait été exécuté au 30 avril.
« Ce n’est pas acceptable. Pour chaque 1 000 gourdes disponibles, seules 137 ont été utilisées », a-t-il affirmé, annonçant la mise en place d’un comité interinstitutionnel pour accélérer et encadrer l’utilisation des ressources publiques. Ce comité inclura notamment le ministère des Finances, la Planification, la Cour des Comptes, la CNMP, la Police nationale et les Forces armées.
Renforcer la résilience, restaurer la confiance
Au-delà de la réponse aux urgences, le discours présidentiel a insisté sur la nécessité de restaurer la capacité de l’État à agir face aux défis structurels : déforestation, mauvaise gouvernance, exclusion sociale, affaiblissement institutionnel.
Le Conseil Présidentiel affirme vouloir inscrire l’action gouvernementale dans une logique de résilience territoriale, avec un accent sur :
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L’aménagement du territoire
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La gestion des bassins versants
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Le renforcement des infrastructures
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L’éducation à la culture du risque
Les autorités annoncent également des mesures de surveillance sur l’utilisation des fonds décaissés pour les communes, dans un souci de transparence et de redevabilité.
Une politique de sanctions réaffirmée
Le président du CPT a enfin rappelé l’importance d’une prise de responsabilité nationale dans le traitement des dossiers sensibles, notamment ceux des personnes sanctionnées par des gouvernements étrangers.
« Il n’est pas normal que ce soit des États étrangers qui fassent le travail à notre place. Nous devons assumer nos responsabilités », a-t-il souligné, appelant à une réponse judiciaire locale cohérente.
Contexte et enjeux
Haïti fait face à une situation de vulnérabilité extrême, combinant aléas naturels récurrents, insécurité généralisée, crise humanitaire et fragilité institutionnelle. Dans ce contexte, la saison cyclonique représente un test critique pour les capacités de réponse de l’État, mais aussi pour la confiance citoyenne dans la gestion publique.
La rédaction